PLFSS : une première étape plutôt satisfaisante pour les infirmières

Paris, le lundi 31 octobre 2022 – Pas de trêves de la Toussaint pour le gouvernement. Ce lundi 31 octobre seront examinées les deux motions de censure déposées par l’opposition en raison du nouveau recours par Elisabeth Borne à l’article 49.3 de la constitution, quant à l’adoption du projet de loi de financement de la Sécurité sociale pour 2023.

Quatrième année d’internat en médecine générale : la fin des discussions accroît la colère des internes


Ce passage en force a interrompu les discussions concernant plusieurs dispositions litigieuses, notamment celle instaurant une quatrième année d’internat en médecine générale, avec pour objectif de favoriser les stages dans les zones où l’offre de soins est restreinte. Même s’il n’est pas sûr que la poursuite des débats aurait entraîné une suppression de cet article, les futurs médecins voient dans son maintien un signal très négatif et une grève des internes a débuté le 28 octobre.

Une médecine sans les médecins ou le rôle des IPA enfin consacré ?


Cependant, le texte du gouvernement a néanmoins entériné une centaine d’amendements dont une vingtaine présentés par l’opposition, contribuant notamment à des avancées significatives pour les infirmières. Ainsi, le PLFSS actuel prévoit le lancement de plusieurs expérimentations les concernant. La première vise la mise en place d’un accès direct aux infirmiers en pratique avancée (IPA).

C’est Stéphanie Rist, rapporteur du texte, qui a notamment défendu cette disposition, préconisant également la possibilité pour les IPA de réaliser certaines primo-prescriptions, avant même la réalisation d’une consultation médicale. Cette idée avait déjà été évoquée lors de l’examen du PLFSS pour 2022 et vient d’être entérinée.

Si cet accès direct aux IPA (qui concerne également les kinésithérapeutes et les orthophonistes) répond à une recommandation du Comité de Liaison Inter-Ordres, on sait que cette idée suscite les réserves de nombreux représentants de médecins qui ont reproché à l’Ordre de vouloir instituer une médecine sans les médecins.

Certificats de décès : une expérimentation rapide


Autre expérimentation ciblant les infirmières : l’établissement des certificats de décès par ces dernières a été maintenu dans la version du PLFSS retenu par le gouvernement, bien que la disposition relève d’un amendement. Il s’agit de pallier les grandes difficultés rencontrées dans certains déserts médicaux, où de longues heures voire plus d’une journée entière s’écoulent parfois avant qu’un médecin soit disponible pour signer le certificat de décès.

La phase d’observation devrait durer un an dans six régions (et non trois ans comme le préconisait le texte initial).

Permanence des soins : tous solidaires


L’élargissement des compétences (et des responsabilités) des infirmières à travers ce PLFSS prend enfin la forme d’une inclusion de ces professionnelles dans la permanence des soins. « La permanence des soins ne doit pas reposer que sur l'hôpital public ou que sur les médecins », avait défendu en séance Stéphanie Rist, alors qu’on connaît les nombreux dysfonctionnements du système.

Ainsi, le texte sur lequel le gouvernement s’est engagé étend aux infirmières, aux sages-femmes et aux dentistes la possibilité de participer à cette mission de service public. Ainsi, ces professionnels pourront répondre aux demandes régulées par le SAMU qui ne nécessiteraient pas l’intervention d’un médecin. Bien sûr, la question de la rémunération de cette participation à la permanence des soins devra faire l’objet de discussions conventionnelles.

Indus : un article contesté maintenu


Tout le texte du PLFSS ne comporte cependant pas que des engagements positifs pour les infirmiers. Ainsi, l’article 41 qui concerne la récupération des indus par les Caisses primaires d’assurance maladie (CPAM) qui a fait couler beaucoup d’encre et suscité la levée de boucliers des syndicats d’infirmiers a été maintenu.

A propos de cet article visant à faciliter « la récupération des indus (…) en donnant une assise légale aux indus calculés par extrapolation et en donnant la possibilité de conclure un accord mettant fin aux possibilités de recours de l’une des parties », la Fédération nationale des infirmiers avait fustigé : « la moindre erreur de cotation, qui arrive à tous au moins une fois, ferait de vous un fraudeur permanent aux yeux de la Caisse. Les professionnels de santé, qui sont tous concernés par cette disposition, seront sanctionnés sur des fraudes supposées, mais non démontrées. Pour la FNI, l’instauration du radar sur l’activité qui déclencherait une matraque automatique relève de l’arbitraire ».

Si le libellé a été quelque peu amendé en précisant que « le dispositif a vocation à s’appliquer dans tous les cas où la réglementation n’est pas respectée et non uniquement en cas de non-respect des règles de tarification », les inquiétudes des professionnels et notamment des infirmiers demeurent. Enfin, même si elles saluent les bonnes nouvelles de cette première étape de l’examen chaotique du PLFSS, les infirmières attendent plus des parlementaires en ce qui concerne la compensation de la hausse des prix des carburants ou encore la prise en compte de la pénibilité du métier dans le cadre de la retraite.

Peut-être la suite de l’examen parlementaire permettra de corriger ces lacunes en espérant que parallèlement aucun recul ne concernera les avancées retenues par le gouvernement.

Aurélie Haroche

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