Les déclarations d’agressions et de vols en pharmacie multipliées par deux depuis 2017

Paris, le vendredi 4 novembre 2022 – Sur un an, les déclarations d’agressions subies par des pharmaciens ont diminué en 2021, mais la tendance est à la hausse sur les dix dernières années.

Le 14 octobre à Tours, une patiente commet trois agressions dans la même journée dans une pharmacie, insultant le personnel et détruisant du matériel. Le lendemain à Toulouse, un homme tente de braquer une officine et menace la pharmacienne avec un couteau. Des faits graves et malheureusement pas si rares que cela. Si on parle régulièrement des agressions de médecins, notamment ceux qui exercent pour SOS Médecins, les délits à l’encontre des pharmaciens ne sont pas moins nombreux. Selon le dernier rapport annuel de l’Ordre national des pharmaciens, publié ce jeudi, 427 vols et agressions ont été déclarés par des pharmaciens à l’Ordre en 2021.

En hausse depuis cinq ans


Un chiffre en baisse de 27 % par rapport à l’année 2020, qui avait vu une explosion des cas d’agression dans un contexte sanitaire tendu, où les pharmaciens s’étaient retrouvés en première ligne et souvent victimes d’incidents liés au port obligatoire du masque. Mais cette baisse conjoncturelle cache une tendance à la hausse sur les dix dernières années.

Les agressions et vols subies par les pharmaciens ont ainsi augmenté de 40 % depuis 2019 et ont été multipliés par deux depuis 2017 et par trois depuis 2012. Ces chiffres sont cependant à prendre avec précaution puisqu’il s’agit de déclarations et non d’un recensement exhaustif des délits perpétrés.

Sur les 427 déclarations reçues par l’Ordre des pharmaciens en 2021, deux tiers concernent des agressions physiques ou verbales et un tiers de vols. S’agissant des agressions, elles sont fort heureusement sans gravité aux dires mêmes des pharmaciens dans 97 % des cas. On note tout de même que deux personnes ont dû être hospitalisés au cours de l’année à la suite d’une agression en officine et que 16 agressions avec armes (un chiffre en diminution ces dernières années) ont eu lieu en 2021.

Le contexte sanitaire reste un important facteur favorisant d’agressions : 28 % des violences physiques ou verbales sont liées au port du masque, à la vaccination ou au dépistage. La mise en place du passe sanitaire en juillet/août 2021 a d’ailleurs provoqué une flambée de violence dans les pharmacies.

Seulement 44 % des pharmaciens victimes portent plainte


Quant aux vols, qui ont quadruplé en cinq ans, ils sont commis lorsque l’officine est fermée dans les trois quarts des cas. C’est généralement de l’argent liquide que les malfaiteurs dérobent : le vol de médicaments et notamment de stupéfiants ne concerne que 13 % des cas  déclarés. Au prorata du nombre d’officines, c’est semble-t-il la région Nouvelle Aquitaine qui est la plus dangereuse pour les pharmaciens, puisque près de 3 % des officines y ont été victimes d’agressions.

Notons enfin pour terminer ce tour d’horizon que, contrairement à ce qu’on pourrait penser de prime abord, c’est dans les villes de moins de 30 000 habitants que les délits sont les plus fréquents.

L’Ordre des pharmaciens profite de ce bilan pour pousser les pharmaciens à leur déclarer toute agressions dont ils sont victimes, notamment afin de pouvoir obtenir un soutien matériel et moral de la part de l’Ordre via ses « référents sécurité ». L’Ordre incite également les pharmaciens à porter plainte à chaque fois qu’ils estiment qu’une infraction est constituée : en 2021, ils n’étaient que 44 % à accomplir cette démarche.

Quentin Haroche

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Vos réactions (1)

  • Les pires agressions manquent dans ce descriptif

    Le 05 novembre 2022

    Ces agressions sont économiques, elles viennent des autorités de Santé, et le duo Assurance Maladie+CEPS provoque, selon un article du Moniteur des Pharmacies, ce dernier trimestre une flambée des dépôts de bilan et des procédures de redressement.

    Maignan Pharmacien.

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