
Ce vendredi, comme la semaine dernière, des médecins
généralistes de toute la France vont masquer leurs plaques avec du
scotch noir pour protester contre la politique du gouvernement
concernant la médecine de ville. Les syndicats de médecins libéraux
(SML, FMF, MG France, CSMF) espèrent que la deuxième édition de ce
« vendredi de la colère », qui unit étudiants, internes en
médecine générale et médecins séniors dans une même défense des
intérêts de la médecine de ville, sera pleinement suivi.
Les généralistes veulent défendre le rôle central des médecins traitants
Ce mouvement de « convergence des luttes », selon les
termes de Yaël Thomas, président de l’Association nationale des
étudiants en médecine de France (ANEMF), a d’abord été initié par
les internes en médecine générale, vent debout contre la décision
du gouvernement de créer, dans le cadre du projet de loi de
financement de la sécurité sociale (PLFSS), une quatrième année
d’internat de médecine générale à effectuer « en priorité »
en zone sous-dense.
Depuis un mois, les médecins en herbe multiplient les
manifestations pour exprimer leur rejet total de ce projet destiné
à lutter contre la désertification médicale. La grève dure du
week-end dernier (qui a donné lieu à de nombreuses réquisitions) a
notamment été très suivie.
Si certains généralistes seniors se sentent solidaires du
combat de leurs futurs confrères, c’est surtout l’annonce d’une
hausse de l’Ondam de ville de seulement 2,9 % (alors que
l’inflation est à plus de 6 %) qui a poussé les libéraux à
rejoindre le mouvement initié par les internes. Le récent rapport
inter-Ordres appelant à améliorer l’accès direct aux professionnels
de santé non médecins et les différents amendements au PLFSS en ce
sens ont ensuite mis le feu aux poudres. Ce jeudi, dans un
communiqué commun, la quasi-totalité des syndicats de médecins
libéraux ont ainsi appelé à défendre le « rôle incontournable du
médecin traitant ».
Vers une grève de la PDSA le 11 novembre ?
Les syndicats espèrent désormais faire fructifier le mouvement
et ainsi mettre la pression sur les négociations pour la future
convention médicale, qui s’ouvriront mercredi prochain. «
Rejoignez ce mouvement et faites-le grossir dans vos territoires
afin de faire comprendre au gouvernement que nous ne reformerons
pas notre système de santé sans moyens » exhorte la CSMF.
Pour la suite, les syndicats évoquent déjà une grève de la
permanence des soins ambulatoires (PDSA) pour le vendredi 11
novembre, jour férié et espère faire médiatiser les réquisitions.
Ensuite, les médecins libéraux pourraient se joindre à la
manifestation des internes prévues pour le 17 novembre (un jeudi
cette fois).
L’intersyndicale nationale des internes (Isni) et
l’intersyndicale nationale des internes de médecine générale
(Isnar-IMG) appellent par ailleurs déjà à la grève pour le vendredi
18 novembre.
Quatre ans après les samedis des gilets jaunes, le
gouvernement doit donc faire face aux vendredis des libéraux en
colère.
Grégoire Griffard