Epidémie de bronchiolite : le gouvernement déclenche le plan Orsan

Paris, le jeudi 10 novembre 2022 – Alors que les services de pédiatrie sont submergés par les patients, le ministre de la santé a déclenché le plan Orsan.

La France fait actuellement face à sa pire épidémie de bronchiolite depuis plus de dix ans. Les derniers chiffres publiés par Santé Publique France (SPF) ce mercredi sont particulièrement alarmants. Au cours de la semaine dernière, près de 6 900 enfants de moins de 2 ans (dont 92 % de moins de 1 an) ont été vus aux urgences pour bronchiolite, soit 7 % de plus que la semaine précédente. La hausse est certes beaucoup moins fulgurante que la semaine précédente (+ 47 %), mais l’infléchissement est vraisemblablement plus dû à aux vacances de la Toussaint qu’à un réel recul de l’épidémie.

Les hôpitaux franciliens submergés


Plus grave encore, plus de 2 300 enfants ont été hospitalisés à la suite de leur passage aux urgences, soit une hausse de 13 % sur la semaine. Le nombre de passages aux urgences et d’hospitalisations de nourrissons atteint des niveaux « supérieurs à ceux observés aux pics épidémiques depuis plus de 10 ans » indique SPF. 50 % des hospitalisations d’enfants de moins de 2 ans concernent des cas de bronchiolite, alors que ce taux atteignait 40 % lors des pics des épidémies précédentes.

Les observateurs sont partagés sur le point de savoir si le pic de l’épidémie est proche. Pour Sophie Vaux, épidémiologiste à SPF, il est possible que « cela continue de monter » et que « le rythme hebdomadaire remonte une fois estompé l’effet des vacances ». La Covid-19 semble avoir perturbé le cycle normal des épidémies de bronchiolite : alors que le pic survient habituellement mi-décembre, c’est la deuxième année consécutive que l’épidémie survient dès octobre.

Cette épidémie de grande ampleur survient dans un contexte de crise profonde de l’hôpital public, qui touche particulièrement la pédiatrie. De nombreux services hospitaliers, notamment en Ile-de-France, ne parviennent plus à faire face à l’afflux de petits patients. A l’hôpital Robert Debré à Paris, 38 enfants ont dû être hospitalisés dans la nuit du 27 au 28 octobre, alors même que le service ne compte que 21 places. Au total, 38 enfants nécessitants des soins de réanimation pédiatrique ont dû être transférés d’Ile-de-France vers d’autres régions depuis la mi-septembre, éloignant ainsi parents et enfants parfois de plusieurs centaines de kilomètres.

400 millions d’euros débloqués pour la pédiatrie hospitalière


Face à la gravité de la situation, le ministre de la Santé François Braun a annoncé ce mercredi le déclenchement dans toute la France du plan ORSAN (organisation de la réponse du système de santé en situations sanitaires exceptionnelles), équivalent national du plan blanc. Ce dispositif permet à tous les hôpitaux, sous l’égide des agences régionales de santé (ARS) « d’adapter finement les capacités d’hospitalisation » selon les termes du ministre et de « veiller à la pleine mobilisation de tous les acteurs de santé, publics et privés ».

En pratique, le déclenchement du plan ORSAN peut notamment conduire au « rappel du personnel hospitalier », au « renforcement de la permanence de soins ambulatoire » voir, « si les moyens locaux ne suffisent plus », à la mobilisation de la réserve sanitaire.

La décision du gouvernement de déclencher le plan ORSAN s’ajoute à l’annonce le 2 novembre dernier d’une enveloppe de 400 millions d’euros à destination des services de pédiatrie. Une rallonge budgétaire qui permettra notamment de doubler la rémunération des heures de nuit en pédiatrie jusqu’au 31 mars prochain et d’étendre la « prime soins critiques » (118 euros brut par mois) aux puéricultrices.

Des annonces accueillies assez tièdement par le milieu de la pédiatrie hospitalière qui souhaite désormais que des mesures au long cours soient prises pour renforcer les capacités d’accueil de l’hôpital public. « Que ce soit la Covid, la canicule ou la bronchiolite, on n’arrive plus à absorber un pic d’activité, la priorité c’est d’enfin avoir un plan de renforcement pérenne de l’hôpital » explique ce jeudi matin au micro de Franceinfo le Pr Jean-Luc Jouve, président de la commission médicale d’établissement de l’AP-HM.

Nicolas Barbet

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Vos réactions (1)

  • Pourquoi ne parle-t'on plus de kinésithérapie ?

    Le 11 novembre 2022

    Kinésithérapeute à la retraite, j'ai traité pendant des années des bronchiolites chez des nourrissons et de jeunes enfants. Les soulagements apportés après une séances étaient évidents. Le désencombrent obligeait le kiné à s'adapter à l' importance de la pathologie. Je ne prétend pas les avoir guéri, mais pourquoi se priver de techniques qui ont fait leur preuve ? En plus l'apprentissage des parents et sur la la technique des flux, et de l'utilisation d'un petit appareil d'oxygénothérapie permettait une rapide prise en charge par la famille.

    P Morel, MKDE

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