Chine : le gouvernement entrouvre la voie de la fin du zéro-Covid

Pékin, le mercredi 7 décembre 2022 – Trois ans après le début de la pandémie en Chine, les autorités amorcent un allègement des mesures sanitaires.

Depuis quelques jours, des déclarations éparses de responsables politiques chinois avaient entrouvert l’espoir d’un assouplissement rapide de la politique zéro-Covid, basée sur des dépistages massifs et des confinements et qui limite fortement la liberté des Chinois depuis trois ans. Un changement de politique qui est désormais officiel : ce mercredi, la Commission nationale de santé (NHC) a annoncé toute une batterie de nouvelles règles sanitaires bien plus souples.

En premier lieu, les autorités ont annoncé que les cas asymptomatiques ou souffrant de symptômes légers (soit l’immense majorité des personnes contaminées) pourraient désormais s’isoler à domicile. S’en est donc en grande partie fini de ces immenses centres de quarantaine, construits un peu partout en Chine et où des millions de Chinois ont été enfermés dans des conditions souvent indignes.

Fin de la politique de dépistage massif


Le gouvernement communiste a également indiqué vouloir « réduire davantage la portée des tests et en réduire la fréquence » alors que des millions de Chinois sont dépistés chaque jour. Il ne sera donc désormais plus nécessaire de présenter sur son smartphone un code vert, synonyme de test PCR négatif de moins de 48 heures, pour se rendre dans les lieux publics fermés.

Fin également de l’exigence d’un test négatif pour se déplacer d’une province chinoise à une autre (rappelons que selon certaines estimations le coût de ces tests représenterait 2,5 % du PIB chinois). Enfin, le parti communiste chinois a annoncé que les confinements prononcés en cas de détection d’un foyer épidémique seraient désormais limités à des immeubles (et non plus à des villes entières) et que les écoles de Pékin, fermés depuis un mois, allaient rouvrir. En revanche, les frontières extérieures de la Chine restent fermés jusqu’à nouvel ordre.

Ces annonces, précédés par des mesures d’assouplissement locales dans plusieurs grandes villes chinoises ces dernières semaines, marquent la victoire de ces dizaines de milliers de Chinois qui, depuis deux semaines, manifestent dans les rues pour protester contre les mesures sanitaires. Des manifestations, d’une ampleur sans précédent depuis la révolte de Tiananmen de 1989, qui ont pris un tournant politique, certains protestataires critiquant ouvertement le parti communiste chinois (PCC) et même le président Xi Jinping (malgré l’omniprésence policière).

Une politique aux lourdes conséquences économiques


La réaction des opposants au régime à cet assouplissement des mesures sanitaires a d’ailleurs été très contrastée sur les réseaux sociaux. « Trois ans effacés en un clin d’œil, l’espoir est de retour ! » se réjouit l’un, « méfions-nous des autorités locales » réagit un autre, qui explique être actuellement confiné à l’aéroport de Nankin, « libérez ces jeunes qui ont lutté pour nos droits » s’insurge un troisième. Des messages rapidement effacées par l’implacable censure numérique en place dans l’Empire du Milieu.

C’est sans doute surtout l’impact économique désastreux de la politique zéro-Covid qui a incité Pékin à revoir sa position. Selon les derniers chiffres publiés ce mercredi, les exportations ont baissé de 8,7 % sur un an en novembre et les importations de 10,6 %. Du jamais vu depuis la première vague épidémique de 2020, lorsque la quasi-totalité de la planète était confinée. « Il faut se concentrer sur la stabilité de la croissance et favoriser l’amélioration économique » a déclaré ce mardi Xi Jinping après une réunion du bureau politique du PCC, durant lequel la stratégie sanitaire aurait à peine été évoquée (officiellement tout au moins).

Le défi pour la Chine sera désormais d’accélérer la vaccination des personnes âgées, afin que la sortie de la politique zéro-Covid, qui sera sans doute très progressive, se déroule sans trop de heurts. Actuellement, seulement 40 % des Chinois de plus de 80 ans ont reçu une dose de rappel et les épidémiologistes estiment qu’en l’état actuel de la couverture vaccinale, une levée trop brusque des mesures sanitaires pourraient conduire à la mort de 2 millions d’habitants.

Grégoire Griffard

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