
Succès en demi-teinte pour la grande grève des médecins
libéraux qui s’est tenu les 1er et 2 décembre dernier. D’un côté,
cette grève très médiatisée a été l’occasion pour les syndicats de
faire connaitre à la population leurs revendications, notamment la
hausse du tarif de base de la consultation, que certains veulent
faire passer à 50 euros. Le mouvement a également été l’occasion
d’une cohésion et d’une unanimité assez rare parmi les syndicats.
Mais de l’autre, la grève semble avoir été moins suivi que ce
qu’espéraient les organisateurs avec, selon la CNAM qui s’appuie
sur le nombre de feuilles de soins télétransmises, une baisse
d’activité de seulement 30 % durant ces deux journées de
mobilisation.
Après ce demi-succès et ce moment de cohésion, les syndicats
sont désormais partagés sur la marche à suivre, même s’ils sont
tous déterminés à continuer le combat pour améliorer leur
rémunération et leurs conditions de travail. Le collectif informel
« Médecins pour demain », à l’origine de la grève du 1er décembre,
reste persuadé que la grève reste la meilleure solution pour faire
entendre les revendications des médecins libéraux. Il a donc lancé
un appel à une grève illimitée de la permanence de soins
ambulatoire (PDS-A) à compter de ce lundi soir, tout en précisant
que les médecins se plieront aux éventuelles réquisitions « sans
état d’âme ».
Les syndicats en ordre dispersé
Une position « radicale » partagée par l’Union
Française pour une médecine libre (UFML). Son président, le Dr
Jérôme Marty, est convaincu qu’il faut « maintenir la pression
» sur la CNAM. Comme ses confrères de « Médecins pour demain
», il appelle donc les médecins libéraux à fermer leurs
cabinets à compter du 26 décembre pendant une semaine, une grève
qu’il souhaite « reconductible ». Il incite également ses
confrères à descendre dans la rue à Paris lors d’une manifestation
nationale le 5 janvier prochain.
De l’autre côté, MG France préfère défendre une position moins
conflictuelle et défend le mouvement, initié il y a plusieurs
semaines déjà, des « vendredis de la colère », au cours de
laquelle les libéraux sont incités à exprimer leur désarroi sur
leurs conditions de travail. Le syndicat préfère ainsi laisser de
côté les revendications relatives au tarif de la consultation pour
se concentrer sur la défense du rôle central du médecin traitant et
le rejet des différents projets d’accès direct aux professions
paramédicales défendus par le gouvernement. Une pétition rappelant
ses différentes revendications (moins de contrainte administrative,
embauche d’assistants médicaux, abandon du projet de 4ème année
d’internat de médecine générale…) a été lancée par le syndicat et
aurait déjà recueilli près de 40 000 signatures.
Les négociations conventionnelles avancent
La Confédération des syndicats médicaux français (CSMF) défend
elle une position intermédiaire. Si elle n’a pour l’instant rien
annoncer, elle n’a pas exclu de lancer un mouvement de «
fermeture des cabinets le samedi matin de façon durable », déjà
soutenu par l’UFML. Quant à la Fédération des Médecins de France
(FMF) et le Syndicat des Médecins Libéraux (SML), ils attendent de
voir l’évolution des négociations conventionnelles en cours entre
les syndicats et l’Assurance Maladie pour se prononcer sur ces
différentes actions.
Une réunion plénière de négociation est d’ailleurs prévue pour
ce jeudi. Si les relations sont encore assez tendues, les syndicats
reconnaissent qu’il y a désormais « des ouvertures » du côté
de la CNAM, selon l’expression du Dr Marty. Les discussions sur la
réforme de la ROSP, que les syndicats dénoncent comme trop complexe
et mal orienté depuis plusieurs années, progressent et l’Assurance
Maladie serait prête à reprendre le projet de la CSMF de créer
trois niveaux de tarification des consultations. Des négociations
difficiles mais fructueuses donc, qui pourraient éviter, on
l’espère, une guerre ouverte entre les syndicats et l’Assurance
Maladie.
Quentin Haroche