
aris, le lundi 13 février 2023 – Le Comité national contre le tabagisme a publié les résultats d’une étude sur les nouveaux produits du tabac. Il tire la sonnette d’alarme sur leur « développement anarchique » et appelle à l’interdiction de tous les arômes, hors tabac.
Plus de huit buralistes sur dix font de la publicité illégale pour le vapotage, selon une étude publiée aujourd’hui par le Comité national contre le tabagisme (CNCT). Ce dernier dénonce plus globalement le non-respect généralisé de la législation concernant la publicité pour le tabac chauffé ou le vapotage, que ce soit dans les bureaux de tabac ou dans les boutiques spécialisées.
Des infractions importantes en matière de publicité
L’étude réalisée par le CNCT montre qu’une majorité des buralistes ne respecte pas la réglementation en matière de publicité pour les produits contenant de la nicotine. Près de 85 % sont effectivement en infraction concernant la publicité pour le vapotage, et 47 % d’entre eux font une « promotion illicite du tabac chauffé ». Idem pour les boutiques spécialisées dans les produits pour le vapotage, dont 72 % ne respectent pas non plus la réglementation en la matière.
Le Comité rappelle que la publicité pour ces produits est, en théorie, strictement encadrée par la loi. Concernant le vapotage, elle n’est permise que sous la forme d’affichettes informatives et non visibles de l’extérieur. La publicité pour le tabac, y compris le tabac chauffé, est en revanche totalement interdite. « Alors que les publicités sur le tabac traditionnel ont globalement disparu, le dispositif IQOS [dispositif de tabac chauffé, NDLR] est massivement promu à travers une campagne de violation de la réglementation de grande ampleur, avec le soutien actif du réseau des buralistes français. Quant aux cigarettes électroniques, la publicité diffusée dans les points de vente est très majoritairement illégale », a déclaré le Professeur Yves Martinet, président du CNCT.
Pour le Comité, ces manquements « traduisent une stratégie systématique et délibérée de contournement des réglementations en vigueur ».
Des arômes dangereux pour le jeune public
Le CNCT a également pointé du doigt l’évolution rapide du marché avec l’apparition de nouveaux produits, comme les « puffs », qui ciblent principalement le jeune public. Des produits qui insistent sur le caractère récréatif tout en « minimisant leur caractère addictif et toxique », affirme le CNCT, ce qui participerait à normaliser la nicotine.
Ces nouveaux produits, tout comme la cigarette électronique, proposent en effet des arômes fruités, qui rappellent les confiseries. Avec leurs packagings colorés et leurs saveurs de bonbons, les jeunes auraient tendance à oublier qu’ils consomment une substance psychoactive, selon Emmanuelle Béguinot, directrice du CNCT.
Face à ces nouvelles tendances, le Comité propose donc d’interdire l’intégralité des arômes autre que celui du tabac pour l’ensemble des produits contenant de la nicotine. Il appelle également les pouvoirs publics à mieux encadrer la vente au détail pour en limiter l’accessibilité et à revoir la réglementation des nouveaux produits contenant de la nicotine.
« Loin d’aider les fumeurs dans leur sevrage tabagique, la démultiplication des arômes dans les nouveaux produits vise uniquement à l’hameçonnage de jeunes consommateurs. Sans interdiction rapide des arômes, la situation risque de devenir incontrôlable », affirme Yves Martinet.
Plusieurs pays européens, comme la Finlande, la Hongrie ou les Pays-Bas, ont d’ores et déjà interdit les arômes dans les produits contenant de la nicotine.
Raphaël Lichten