Une vague de dépression sans précédent frappe les jeunes Français

Paris, le jeudi 16 février 2023 – L’agence Santé publique France a publié hier une étude sur la santé mentale des jeunes dont les résultats sont particulièrement troublants : environ 20 % d’entre eux seraient sujets à des épisodes dépressifs.

Confinement, manque de certitude dans l’avenir, crise économique et écologique… Les causes ne manquent pas pour expliquer les épisodes dépressifs caractérisés (EDC) chez les Français, qui viennent d’être mesurés par une étude réalisée par l’agence Santé publique France.

En comparaison avec les résultats de l’étude précédente, qui datait de 2017, cette nouvelle édition permet notamment d’évaluer les conséquences de la crise sanitaire sur la santé mentale des jeunes.

Un cinquième des jeunes disent souffrir de dépression

La hausse des épisodes dépressifs frappe toute la population, mais les jeunes de 18 à 24 ans semblent particulièrement touchés. En 2017, ils étaient 11,7 % à déclarer présenter des symptômes dépressifs. Selon la dernière étude de Santé Publique France, cette proportion atteint 20,8 % en 2021, soit un cinquième des 18 – 24 ans.

Les auteurs de l’étude estiment que « le stress causé par la maladie de la Covid-19 et les restrictions imposées pour la contrôler apparaît comme l’une des principales hypothèses explicatives de cette hausse ». Bien sûr, les chercheurs rappellent cependant que la dépression est causée par une série de facteurs, qui ne peuvent être uniquement résumés aux confinements (histoire personnelle et familiale, physiologie…).

Mais les restrictions à la vie sociale des jeunes ont indéniablement eu une grande importance, comme l’explique Enguerrand du Roscoat, spécialiste dans les questions de santé mentale au sein de Santé publique France et coauteur de l’étude. Il ajoute : « Ce qui a beaucoup joué, c’est l’incertitude par rapport à l’avenir, qui a une dimension très importante à cet âge-là : est-ce que je vais avoir mon diplôme ? Est-ce que je vais pouvoir suivre les cours ? ». Un sentiment d’irréversibilité contribuerait aussi à la recrudescence des épisodes dépressifs : « ce que vous vivez entre 18 et 24 ans, ce sont des choses qui ne se rattrapent pas a priori ».

Le chercheur ajoute néanmoins que d’autres hypothèses peuvent être avancées pour expliquer les résultats de la nouvelle étude, comme l’isolement dans des petits logements, la précarité financière, voire même une forme de culpabilité face à l’épidémie : « Les jeunes ont été un peu montrés du doigt comme voulant sortir, se contaminant davantage et constituant potentiellement un danger », ajoute Enguerrand du Roscoat.

La vague de dépression touche aussi les autres pays

Loin de se cantonner à la France, la dépression semble frapper les jeunes du monde entier. Aux États-Unis, les autorités sanitaires fédérales ont publié il y a quelques jours une étude tout aussi inquiétante que celle de Santé publique France : près d’une lycéenne américaine sur trois (30 %) aurait sérieusement envisagé de se suicider en 2021, contre 19 % en 2011.

Plus de la moitié des lycéennes interrogées, environ 57 %, ont également déclaré se sentir triste ou désespérée sur une période d’au moins deux semaines durant l’année 2021, les conduisant à interrompre leurs activités habituelles.

Les chercheurs américains responsables de l’étude pointent de nouveau du doigt l’impact des confinements et de la pandémie sur la santé mentale des jeunes — même si la tendance était déjà présente avant, précisent-ils. « L’isolement social lié à la pandémie a certainement aggravé les choses », explique Kathleen Ethier, directrice du département chargé des adolescents et de la santé à l’école au Centers for Disease Control and Prevention (CDC), organisme fédéral ayant supervisé l’étude. Parmi les autres facteurs avancés par les chercheurs, on trouve les réseaux sociaux et le stress lié à l’école. À noter cependant que cette étude américaine s’est plutôt concentrée sur les adolescents âgés de 15 à 18 ans.

Raphaël Lichten

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Vos réactions (2)

  • Dépression chez nos jeunes...

    Le 18 février 2023

    ... mais les drogues, cannabis en tête, passez, il n'y a rien à voir !
    Une sexualité sans amour, sans attente, sans désir, avec du chemsex en prime, passez il n'y a rien à voir (animal triste post coïtum).
    Quand on manifeste contre le déplacement à 64 ans de l'âge de la retraite alors que l'on n'est pas encore entré dans la vie professionnelle ; on a le sentiment que les adultes que nous sommes (déjà très vieux comme moi) n'ont pas fait ce qu'il fallait pour préparer notre jeunesse à la Vie, à l'espoir, à l'ambition, au dépassement ; ou se sont déchargés sur d'autres qui étaient incapables de le faire à leur place, pétris d'idéologies décadentes. Le "fric" a tout corrompu, l'égoïsme, chacun aménageant sa petite niche écologique douillette, dans laquelle il s'ennuie bientôt. Les médias, le cinéma, ont fait très fort et les politiques ont suivi, sans résister...

    Pr. Jean Costentin

  • Le rôle de l'école

    Le 25 février 2023

    Il semble bien que notre "Éducation nationale" n'ait rien compris aux besoins des générations futures dans le monde moderne. Elle en est tragiquement restée à un modèle d'instruction publique digne du dix-neuvième siècle.

    Dr Pierre Rimbaud

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