
Paris, le mardi 21 février 2023 – Dans un avis (non définitif), la HAS se prononce en faveur de la levée de l’obligation vaccinale des soignants.
Près de 18 mois après son entrée en vigueur, l’obligation faite aux soignants de se vacciner contre la Covid-19, qui aura soulevé de nombreux débats scientifiques, politiques et éthiques, pourrait bientôt être levée. Saisie en novembre dernier par le ministère de la Santé de l’opportunité de maintenir ou non cette obligation, la Haute Autorité de Santé (HAS) a rendu ce lundi un avis non-définitif dans lequel elle affirme que « dans le contexte actuel, l’obligation vaccinale contre la Covid-19 pourrait être levée pour tous les professionnels visés ».
« Cette vaccination devrait toutefois rester fortement recommandée pour les étudiants et les professionnels des secteurs sanitaire et médico-social » précise la HAS. « La levée d’une obligation vaccinale en milieu professionnel ne doit pas être considérée comme une remise en question de l’intérêt de cette vaccination que ce soit en milieu professionnel ou en population générale » ajoute-t-elle.
L’épidémie de Covid-19 au plus bas en France
L’institution justifie son changement de position par l’évolution de la situation épidémiologique. Bien des choses ont changé en effet sur le front de la Covid-19 depuis l’introduction de l’obligation vaccinale en septembre 2021. L’arrivée du variant Omicron a amoindri l’efficacité des vaccins à ARNm contre la transmission du SARS-COV-2 et a surtout diminué la gravité de l’épidémie. Depuis quelques semaines, l’épidémie est à un niveau particulièrement faible en France : on ne compte que 3 500 nouvelles contaminations par jour (mais il faut dire que le dépistage a fortement diminué) et seulement 13 000 patients positifs sont actuellement hospitalisés dont « seulement » 730 en soins critiques. En outre, à la suite des revirements récents de la Grèce et de l’Italie, la France est désormais le seul pays européen à obliger ses soignants à se vacciner contre la Covid-19.
L’avis de la HAS n’est cependant pas définitif. En effet, « au vu de l’importance sociétale du sujet », la HAS « juge indispensable d’enrichir ces travaux par les contributions des parties prenantes (sic)». Jusqu’au 3 mars prochain, la HAS va donc interroger divers organismes (établissements de santé, syndicats, associations de patients, ordre professionnels…) pour recueillir leur opinion sur la vaccination des soignants. Sur la base de ces opinions, la HAS rendra son avis définitif fin mars. Par ailleurs, le gouvernement a également saisi le Comité consultatif national d’éthique (CCNE) d’un avis sur les aspects éthiques de l’obligation vaccinale.
La vaccination obligatoire des soignants contre la Covid-19 a provoqué de vifs débats ces 18 derniers mois. Si le gouvernement s’est toujours montré très attaché à cette obligation, LFI et le RN ont tous deux essayé sans succès d’y mettre fin en déposant des propositions de loi en ce sens au Parlement. Le débat divise également la communauté médicale, certains médecins considérant que les soignants non-vaccinés ont commis une faute éthique impardonnable et ne peuvent donc être réintégrés, d’autres insistant au contraire sur la faible efficacité des vaccins contre la transmission et sur la nécessité de réintégrer les soignants suspendus dans un contexte de pénurie de professionnels de santé. En novembre dernier, à une courte majorité (53 %), nos lecteurs s’étaient prononcés en faveur du maintien de l’obligation vaccinale.
La HAS également favorable à la fin du vaccin DTP obligatoire
Si tout le monde attendait l’opinion de la HAS sur la vaccination contre la Covid-19, l’institution de santé publique avait à se prononcer sur d’autres vaccins obligatoires pour les soignants. Dans le même avis non-définitif, la HAS souhaite également mettre fin à l’obligation pour les soignants de se faire administrer le vaccin DTP, sauf à Mayotte qui reste très exposée à la diphtérie.
S’agissant du vaccin contre l’hépatite B, la HAS considère que l’obligation doit être maintenue, mais seulement pour les professionnels de santé les plus exposés, notamment ceux en contact avec des produits sanguins. Comme pour la Covid-19, ces deux vaccinations resteront fortement recommandées. La HAS se prononcera plus tard dans l’année sur les vaccins qui sont actuellement seulement recommandés aux soignants, comme celui contre la grippe saisonnière.
Quentin Haroche