
Les mesures de distanciation étant de moins en moins bien acceptées, tant par les populations que politiquement, l’impact de la Covid-19 dépendra dans l’avenir de plusieurs facteurs : la couverture vaccinale et son efficacité, le taux de protection conféré par une infection antérieure, l’efficacité des antiviraux, ainsi que la contagiosité et la sévérité des futurs variants.
Le niveau et les caractéristiques de la protection apportée par une précédente infection est l’un des facteurs clés, quand il est estimé que 46 % de la population mondiale a déjà été infectée par le variant omicron ou l’un de ses sous-variants. Les résultats d’une vaste étude viennent d’être publiés dans The Lancet, fournissant des éléments de réponse. Au total 65 études ont été analysées, menées dans 19 pays.
Niveau de protection élevé contre une réinfection sévère quel que soit le variant
L’analyse montre qu’un haut degré de protection contre une réinfection, d’environ 82 %, est conféré par une première infection par le variant « ancestral » et par les suivants, alpha, beta et delta.En revanche, la protection contre une réinfection n’est que de 45,3 % pour le variant BA.1 omicron.
De la même façon, la protection conférée par une précédente infection contre le risque d’une forme symptomatique est d’au moins 82 %, pour les variants ancestraux, alpha, beta et delta et significativement réduite pour l’omicron BA.1 (44 %). En revanche, la protection contre une forme sévère (hospitalisation ou décès) est élevée pour tous les variants étudiés, de 78 % en moyenne.
La protection obtenue contre une réinfection, bien qu’atténuée au fil du temps, est durable. Ainsi, avec les premiers variants, elle passe de 85,2 % à 4 semaines, à 78,6 % à 40 semaines. Pour le variant omicron BA.1, elle diminue plus rapidement et n’est plus que de 36,1 % à 40 semaines. La protection contre une forme symptomatique suit les mêmes tendances, alors que celle contre une forme sévère reste élevée à 40 semaines, pour tous les variants, de 90,2 % pour les premiers et 88,9 % pour omicron BA.1. Les données sont trop peu nombreuses pour mener une méta-analyse avec les sous-variants omicron BA.2, BA.4 et BA.5.
Comme après deux doses de vaccins à ARNm…
Ainsi, cette analyse suggère que le taux de protection obtenu après une infection est au moins équivalent sinon supérieur à celui conféré par deux doses de vaccins à ARNm. Les auteurs rappellent toutefois les risques de morbidités sévères et de mortalité liés à une première infection, qui dépendent notamment du type de variant et des facteurs de risque individuels, comme l’âge et les comorbidités. Il est probable qu’à long terme, la plupart des infections surviendront chez des personnes protégées contre les formes graves, par une infection antérieure, par la vaccination, ou les deux, réduisant les risques de tension extrême dans les services de réanimation.
Dr Roseline Péluchon