
Paris, le vendredi 3 mars 2023 – Selon une étude française, la vaccination permet de réduire les symptômes des personnes souffrant de Covid longue, mais de manière modeste.
La Covid-19 n’est plus l’enjeu de santé publique majeur qu’il a été pendant deux ans en France. Depuis trois mois, les nombres de contaminations et d’hospitalisations baissent pour atteindre des niveaux très bas comparativement aux différentes vagues meurtrières survenues en 2020 et 2021. Mais les médecins font face à un autre défi, celui de la prise en charge des formes persistantes de Covid-19, appelées Covid long. Difficile de connaitre l’ampleur exacte de ce phénomène, la définition précise de ce syndrome post-Covid variant selon les pays et les institutions. Selon différentes études, entre 10 et 20 % des patients contaminés par le SARS-Cov-2 continuerait à ressentir des symptômes plus de 6 mois après l’infection, les personnes ayant subi une forme grave de la maladie étant plus souvent touchées.
Un effet modeste
Plusieurs études ont déjà semblé indiquer que la vaccination anti-Covid-19 pouvait être un moyen efficace de réduire les symptômes des patients souffrant d’un Covid long. Une étude française, publiée ce mardi dans la revue britannique BMJ Medicine, confirme cette hypothèse.
Cette étude a pu être réalisée grâce aux données du groupe ComPaRe (cohorte de patients pour la recherche de l’AP-HP) qui comprend depuis octobre 2020 un groupe de patients atteints du Covid long. Les chercheurs ont organisé un essai dit « émulé » c’est-à-dire qu’ils ont reproduit a posteriori grâce aux données analysées ce qu’aurait pu être un essai randomisé sur les effets de la vaccination sur les symptômes du Covid long.
Les 910 patients atteints de Covid long (âge moyen de 47 ans et 80 % de femmes) ont été divisés en deux groupes de 455 vaccinés et 455 non-vaccinés. En étudiant les deux groupes, il ressort assez nettement que la vaccination contre la Covid-19 après une infection spontanée permettrait de réduire les symptômes de la maladie, même si les auteurs de l’étude sont pour l’essentiel contraint de s’en remettre au ressenti des patients. Ainsi, 120 jours après la vaccination, les vaccinés ne ressentaient plus que 13 symptômes différents en moyenne, contre 14,8 pour les non-vaccinés. La vaccination a surtout permis de doubler le nombre de patients en « rémission » : ils sont 76 dans le groupe des vaccinés contre seulement 34 chez les non-vaccinés. Les patients vaccinés déclarent également que la vaccination a réduit l’impact de la maladie sur leur vie quotidienne et que leur état clinique s’est amélioré.
Vers une nouvelle campagne vaccinale à l’automne prochain
« Cet effet de la vaccination nous donne une indication sur les mécanismes du Covid long » analyse le Dr Viet-Thi Tran, épidémiologiste à l’Hôtel Dieu à Paris et premier auteur de l’étude. « Pour au moins une partie des patients, la maladie est liée à des particules résiduelles de virus, à un réservoir caché ou à un mécanisme auto-immun qui est annulé par la vaccination » explique-t-il. Il reconnait cependant que l’effet de la vaccination reste modeste, notamment en termes de réduction du nombre de symptômes. Selon lui, les différences de réponses entre les patients sont « sans doute liées à l’hétérogénéité même de la maladie, dont les manifestation et les séquelles sont très variables ». Si la vaccination pourrait donc être un outil utile pour diminuer les symptômes des patients souffrant de Covid long, elle ne constitue pas une arme décisive dans le combat contre cette maladie.
Il est à noter également que la méthodologie retenue pour ce travail n’est pas réellement équivalente à un essai randomisé en double insu.
Cette publication intervient alors que la Haute Autorité de Santé (HAS) souffle dernièrement le chaud et le froid sur la question de la vaccination contre la Covid-19. Le 20 février, elle s’est prononcé, de manière non-définitive, pour la levée de l’obligation vaccinale pour les soignants avant de réclamer, quatre jours plus tard, l’organisation d’une nouvelle campagne de vaccination de rappel pour les personnes les plus fragiles à l’automne prochain.
Grégoire Griffard