
Barcelone, le jeudi 17 août 2023 – Une étude épidémiologique menée par des chercheurs espagnols, américains et suisses rapporte que 31 % des hommes seraient porteurs du papillomavirus humain (HPV).
Si l’on associe généralement le virus HPV au cancer du col de l’utérus, les papillomavirus humains ne sont pas qu’une affaire de femmes, loin de là. Les virus HPV sont ainsi responsable chez les hommes de plus de 69 000 cancers/an dans le monde selon le centre international de recherche sur le cancer. Depuis 2019, l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS) préconise ainsi de vacciner les adolescents contre le HPV, en plus des adolescentes. Une étude menée par des chercheurs espagnols, américains et suisses et publiée ce mercredi dans la revue The Lancet confirme que les hommes ne doivent pas être oubliés dans la lutte contre le HPV.
21 % des hommes porteurs d’un virus HPV à haut risque
L’étude publiée ce mercredi est une méta-analyse regroupant les résultats de 65 études menées à travers le monde sur près de 45 000 hommes. Les chercheurs en concluent que 31 % des hommes de plus de 15 ans dans le monde seraient porteurs d’un virus HPV dont 21 % seraient porteurs d’un virus HPV à haut risque oncogène. Le type de virus HPV le plus fréquent est le HPV-16 (5 % des hommes), à haut risque oncogène, suivi par le HPV-6 (4 %), moins pathogène.
La prévalence est la plus forte chez les hommes âgés de 25 à 29 ans (35 % au total, 24 % pour les HPV à haut risque oncogène) mais est également élevé pour les adolescents de 15 à 19 ans (28 % au total, 20 % pour les HPV à haut risque), démontrant un taux de portage élevé dès le début de la vie sexuelle. La prévalence était relativement proche dans toutes les régions du monde, à l’exception de l’Extrême-Orient et du Sud-est asiatique, où les hommes sont moins touchés que dans le reste du monde (15 % pour le HPV en général, 10 % pour les virus à haut risque).
L’étude publiée ce mercredi est la première à tenter de déterminer la prévalence du virus HPV chez les hommes en général. Jusque-là, la plupart des études s’étaient essentiellement concentrés chez les hommes ayant des relations sexuelles avec des hommes, considérés comme à haut risque. Chez les femmes en revanche, la prévalence est mieux connue : selon une étude américaine de 2014, 85 % des femmes hétérosexuelles seront contaminées par le virus HPV au moins à un moment de leur vie.
La France tente de rattraper son retard vaccinal
Comme le rappellent les auteurs de l’étude, le préservatif est inefficace pour se protéger contre la contamination par le virus HPV et la vaccination et donc la seule méthode efficace de prévention. Les chercheurs estiment que 16 % des hommes sont porteurs d’un type de virus HPV couvert par l’un des vaccins existants.
Selon l’OMS, qui promeut régulièrement la vaccination contre le virus HPV (elle a récemment recommandé de passer du schéma à deux doses à un schéma à une dose, afin d’améliorer l’observance), seulement 45 pays dans le monde proposent la vaccination HPV aux garçons. La France a longtemps accusé un retard important sur ses voisins dans ce domaine. La vaccination anti-HPV n’est ainsi recommandé aux garçons de 11 à 14 ans que depuis 2021. Résultat, si la couverture vaccinale des filles est de 45 %, elle n’est que de 6 % chez les garçons.
Pour rattraper ce retard, le Président de la République lui-même a annoncé le 27 février dernier que la vaccination anti-HPV serait, dès la rentrée prochaine, proposée à tous les élèves de 5ème, fille comme garçon. Sur X (ex-Twitter), le ministre de la Santé Aurélien Rousseau a d’ailleurs évoqué l’étude publiée dans The Lancet pour rappeler l’importance de cette prochaine campagne de vaccination. Mais pour la Ligue contre le cancer, cette campagne vaccinale « va dans le bon sens, mais ne sera pas de nature à changer la donne pour les familles éloignées de l’information ». L’association demande notamment une prise en charge à 100 % du vaccin anti-HPV même hors du cadre scolaire : actuellement pris en charge à 65 %, ce vaccin coûte, dans sa dernière version ciblant neuf types de HPV, 135 euros.
Quentin Haroche