Le Mois sans tabac reprend son souffle

Paris, le mercredi 31 octobre 2023 – Après des années 2020 et 2021 marquées par la crise sanitaire et une année 2022 encourageante, le Mois sans tabac espère repartir sur de bonnes bases cette année.

Opération dite de « marketing social » importée du Royaume-Uni en 2016, la campagne « Mois sans tabac » a connu ces dernières années des fortunes diverses. Après avoir rencontré un succès grandissant, mesuré par le nombre de fumeurs inscrits sur la plate-forme Mois sans tabac, qui a atteint son pic en 2018 avec plus de 240 000 candidats, la campagne a durement souffert de la pandémie de Covid-19, au cours de laquelle le nombre de participants s’est effondré, approchant les 110 000 seulement en 2021. Mais le retour à la normale en 2022 a permis de redynamiser la campagne (160 000 inscrits) et les organisateurs de l’évènement espèrent surfer sur cette belle dynamique pour la 8ème campagne annuelle, qui démarre ce mercredi 1er novembre.

Le Mois sans tabac renforce sa présence à la télévision

L’opération Mois sans tabac, organisée par Santé Publique France (SPF), le ministère de la Santé et l’Assurance Maladie, repose sur un constat : la plupart des symptômes du sevrage tabagique disparaissent au bout de 30 jours et un arrêt du tabac pendant un mois multiplie par cinq les chances de cesser définitivement de fumer. Les fumeurs sont donc incités à arrêter de fumer durant tous le mois de novembre, l’idée étant que la participation à un effort collectif pourra renforcer la motivation des fumeurs. « Le Mois sans tabac est l’occasion pour les fumeurs de rejoindre un effort collectif et de s’engager ensemble dans une démarche d’arrêt du tabac » résume le Dr Caroline Semaille, directrice de SPF.

Comme chaque année, le Mois sans tabac repose notamment sur le dispositif Tabac info services, qui accompagne les personnes souhaitant arrêter de fumer par téléphone, sur internet et via les réseaux sociaux. La campagne Mois sans tabac se décline sur plusieurs médias (radio, presse, télévision, réseaux sociaux…) et des stands d’information sur les dangers du tabac et les moyens d’arrêter de fumer vont être mises en place dans plusieurs villes de France tout au long des trente prochains jours.

L’opération de santé publique a également renforcé sa présence dans les médias en signant un partenariat avec le groupe M6, qui va diffuser des spots sur le tabagisme sur ses chaines de télévision (M6, W9, 6ter) et sa station Fun Radio. L’humoriste et magicien Eric Antoine, ambassadeur de la campagne, présentera également des outils d’aide à l’arrêt du tabac dans l’émission « La France a un incroyable talent ».

Dans un communiqué de presse publié ce vendredi, les organisateurs du Mois sans tabac se félicitent de compter déjà plus de 92 000 inscrits sur sa plateforme ainsi que près de 3 800 partenaires participant à sa campagne. SPF essaye notamment chaque année d’impliquer les professionnels de santé : selon les études, l’aide d’un médecin augmente de 70 % les chances de réussite d’une tentative d’arrêt du tabac.

Une campagne réellement efficace ?

Mais comme à chaque édition, le Mois sans tabac n’échappera pas à un débat sur son efficacité réelle au niveau populationnel. En 2021, une étude menée par SPF elle-même concluait que lors de la campagne de 2018, pourtant celle qui avait compté le plus d’inscrits, seulement 4,8 % des fumeurs en France indiquaient avoir tenté d’arrêter de fumer en raison de l’opération « Mois sans tabac ».

Pourtant SPF l’assure, le Mois sans tabac « a su montrer son efficacité ». L’agence de santé publique cite notamment un rapport de l’OCDE de juin dernier évaluant la politique de lutte contre le tabac en France. Selon ce rapport, l’opération Mois sans tabac permettrait d’éviter, à l’horizon 2050, 241 000 cas d’infections respiratoires basses, 44 000 cas de bronchopneumopathies chroniques obstructives (BPCO) et 28 000 cas de cancer.

Le Mois sans tabac serait également une belle opération financière, puisqu’elle permettrait d’économiser 94 millions d’euros de dépense de santé par an d’ici 2050 pour un coût annuel de 12 millions d’euros. « Ainsi, pour chaque euro investi dans Mois sans tabac, plus de 7 euros sont économisés sur les dépenses de santé du fait de l’arrêt du tabagisme » résume SPF.

Après plusieurs années de baisse continue due à la diffusion de messages de santé publique et à la hausse du prix du paquet de cigarettes, la part de fumeurs quotidiens dans la population française s’est stabilisée autour des 25 % depuis 2019. Le dernier bilan établi par SPF en décembre dernier fait même état d’une augmentation du tabagisme chez les femmes (de 20,7 % en 2019 à 23 % en 2021) et les personnes sans diplôme (32 % en 2021 contre 29 % en 2019). La France est le pays d’Europe occidentale où l’on fume le plus et le tabac est responsable de 75 000 décès prématurés par an en France.

Quentin Haroche

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Vos réactions (1)

  • DRY NOVEMBER VS DRY JANUARY

    Le 31 octobre 2023

    « Le Mois sans tabac serait également une belle opération financière, puisqu’elle permettrait d’économiser 94 millions d’euros de dépense de santé par an d’ici 2050 pour un coût annuel de 12 millions d’euros. « Ainsi, pour chaque euro investi dans Mois sans tabac, plus de 7 euros sont économisés sur les dépenses de santé du fait de l’arrêt du tabagisme »

    Et pour le mois sans alcool quelles seraient les pertes pour les « alcooliers » et quel gain pour les dépenses publiques ? Qui fait pencher la balance pour minimiser le dry january VS le dry november ? Qui décide des campagnes de santé publiques ?

    A. Cannavacciuolo

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