
Paris, le mercredi 8 novembre 2023 – Selon notre sondage, 71 % des lecteurs du JIM soutiennent la proposition de la droite de transformer l’AME en une aide médicale d’urgence.
Ce mardi, sans surprise, le Sénat a voté en faveur d’un amendement au projet de loi sur l’immigration prévoyant la suppression de l’aide médicale d’Etat (AME). Par 200 voix pour et 136 contre, la chambre haute a décidé de transformer ce dispositif en une aide médicale d’urgence (AMU) limitée à la prise en charge de la prophylaxie, du traitement des maladies graves, des douleurs aigues, des soins liés à la grossesse, des vaccinations réglementaires et des examens de médecine préventive.
Créée en 2000, l’AME est un dispositif qui permet aux immigrés clandestins vivants en France depuis au moins trois mois et gagnants moins de 9 571 euros par an de bénéficier d’une prise en charge à 100 % de leur frais de santé. Depuis plusieurs années, l’extrême-droite et une partie de la droite ont fait de la suppression de ce dispositif l’un de leurs chevaux de bataille. Ils dénoncent son coût (plus d’un milliard d’euros par an) mais considèrent surtout qu’il constitue un « appel d’air » et incite les immigrés à venir illégalement dans notre pays.
Pharmaciens, médecins et infirmières tous opposés à l’AME
En face, la gauche estime que l’AME relève d’un devoir d’humanité, toute personne devant pouvoir être soignée quelle que soit sa nationalité et son statut administratif. Les partisans de l’AME mettent également en avant les vertus du dispositif pour la santé publique et les finances de la Sécurité Sociale : en permettant une prise en charge rapide des immigrés malades, l’AME permet d’éviter la propagation d’épidémies (qui pourrait affecter les Français et les immigrés légaux) et empêche également qu’ils soient finalement pris en charge à un stade plus avancé de leur maladie, ce qui pourrait s’avérer plus complexe et finalement plus coûteux pour les finances publiques. Des arguments notamment avancés par plus de 3 000 soignants, dont la Prix Nobel de médecine Françoise Barré-Sinoussi, dans une tribune publiée jeudi dernier dans le journal Le Monde.
Le JIM a voulu connaitre l’opinion de ses lecteurs sur cette question éminemment politique et éthique. Si l’on en croit les résultats de notre sondage réalisé entre le 19 et le 30 octobre dernier, le cœur de nos lecteurs penche plutôt à droite sur cette question : ils sont ainsi 71 % à soutenir la proposition du Sénat de transformer l’AME en une AMU, tandis que seulement 29 % souhaitent le maintien en l’état du dispositif qui permet aux immigrés clandestins de bénéficier d’une prise en charge complète de leurs frais de santé.
Sondage réalisé sur
JIM.fr du 19 octobre au 1er novembre
Contrairement à ce que l’on constate souvent pour de tels sujets de société, médecins, infirmiers et pharmaciens sont cette fois sur la même longueur d’onde et soutiennent tous majoritairement la proposition de la droite. Ils sont ainsi 71 % chez les infirmières, 70 % chez les médecins et même 77 % chez les pharmaciens à être favorables à ce que l’AME soit transformé en une AMU.
66 % de nos lecteurs déjà opposés à l’AME en 2019
On peut en tout cas saluer une certaine constance de nos lecteurs sur ce sujet. Le JIM les avait en effet déjà sondé sur l’avenir de l’AME en 2019, signe que la question revient régulièrement sur le devant de l’actualité. A l’époque, déjà 66 % des professionnels de santé se disaient favorable à une limitation plus ou moins importante du panier de soins compris dans l’AME, tandis que seulement 32 % voulaient le maintien tel quel du dispositif.
Si les professionnels de santé semblent donc assez largement favorables à la suppression de l’AME, le gouvernement est en revanche plus divisé sur la question. Ce mardi au Sénat, le ministre de l’Intérieur Gérald Darmanin, qui s’est dit personnellement en faveur de la suppression de l’AME, a préféré ne pas prendre la parole.
C’est donc la ministre des Professionnels de Santé Agnès Firmin Le Bodo qui a timidement défendu dans l’hémicycle la position officielle du gouvernement, à savoir le maintien de l’AME en l’état. Elle a en revanche refusé de soutenir les amendements de suppression de l’article que venait de voter le Sénat portés par la gauche. A l’annonce du vote de la chambre haute, le ministre de la Santé Aurélien Rousseau a quant à lui dénoncé une « faute » et une « profonde erreur ».
Ces dernières semaines, la Première Ministre Elisabeth Borne et le porte-parole du gouvernement Olivier Véran ont également défendu le maintien de l’AME.
Quentin Haroche