La prévention primaire des pathologies dégénératives est un enjeu pour la santé publique et représente un eldorado pour les laboratoires pharmaceutiques. Mais de nombreuses études épidémiologiques portant sur la prévention de la maladie d’Alzheimer ont montré que l’on pouvait se passer de médicaments si l’on privilégiait certaines habitudes alimentaires comme la consommation raisonnée de vin, de fruits et de poissons. Dans le contexte de la pathologie vasculaire, plusieurs travaux avaient mis en évidence un bénéfice des actions de prévention primaire actives sur les facteurs intervenant dans la maladie athéromateuse.
Cependant, il existe d’autres pistes de prévention primaire puisque d’autres travaux ont rapporté dans différents pays une moindre incidence d’accidents vasculaires cérébraux et de pathologies cardio-vasculaire chez les consommateurs de thé. Une méta-analyse des différentes études publiées a été présentée à Seattle par L Arab et coll. (Los Angeles) en faveur de cet effet protecteur montrant ainsi de manière scientifique que les seniors Japonais ou les mummies britanniques ont eu raison de s‘adonner au rituel de la « cup of tea ».
En effet, ce travail confirme que les personnes qui boivent trois tasses ou plus de thé noir ou vert par jour ont un risque d’accident vasculaire cérébral diminué en moyenne de 21 % par rapport aux non consommateurs. Cinquante neuf études ont été publiées sur ce sujet mais cette méta-analyse n’en a retenu que 10 pour des raisons de qualité méthodologique. Les données des études sélectionnées ont été recueillies dans six pays : Chine, Japon, Finlande, Pays-Bas, Australie et Etats-Unis. La réduction du risque relatif pour les consommateurs de thé noir (RR=0,76 ; intervalle de confiance à 95 % [IC95] entre 0,67 et 0,86) était proche de celle des amateurs de thé vert (RR=0,79 ; IC95 entre 0,72 et 0,86).
Ces résultats sont cohérents avec les conclusions des études effectuées dans des modèles expérimentaux animaux. Des études chez la gerbille et le rat avaient montré que les extraits de thé administrés à l’animal pouvaient réduire la taille de l’infarctus cérébral. Mais quel est le mécanisme pouvant expliquer cet effet protecteur ? Il semblerait que les polyphénols présents dans le thé seraient impliqués (comme pour le vin). Alors, faut-il tous se mettre au thé ? Pas sûr, car d’autres études ont montré que le café pouvait aussi avoir un effet protecteur, mais ceci semble plus controversé.
Dr Charles Gouraud