A l’oreille du suicidé

Lieuwe Van Gogh et l’oreille de son parent
Karlsruhe, le samedi 7 juin 2014 - « On peut parler de la bonne santé mentale de Van Gogh qui, dans toute sa vie, ne s’est fait cuire qu’une main et n’a pas fait plus, pour le reste, que de se trancher une fois l’oreille gauche » (1) c’est ainsi qu’Antonin Arthaud (autre artiste dont le génie avait démarré tôt et rendu marteau [2]) évoquait la mutilation la plus célèbre de l’histoire de la peinture.

L’oreille cassée

Cherchant peut-être à percer le mystère de cette esgourde mutilée, que l’artiste néerlandais s'était coupée au cours d'une crise en présence de son ami Paul Gauguin en 1888 (3), Diemut Strebe, dont l’objectif affiché est d’établir un croisement entre arts et sciences, a exécuté une « œuvre » qui est exposé au musée de Karlsruhe en Allemagne jusqu’au mois de juillet.

Travaillant à partir de "matières" biologiques, elle a « régénéré » l'oreille du peintre, avec la collaboration de scientifiques, en utilisant l'ADN d'un des descendants de son frère Théo et une imprimante 3D. « L'oreille a été fabriquée avec des tissus de cartilage et a la même forme que celle de Van Gogh »,  explique Dominika Szope, la porte-parole du Centre pour l'Art et les médias de Karlsruhe.

L’homme qui murmurait à l’oreille mutilée

Cette « œuvre vivante » intitulée Sugababe permet de plus aux visiteurs de murmurer à cette oreille à l’aide d’un microphone.  Le son, une fois passé dans le liquide où elle baigne, est enregistré dans « l'installation ». Des confidences post-mutilation et post-mortem auxquels s’est adonnées sans vergogne, Lieuwe Van Gogh, l’arrière petit neveu du peintre dont l’ADN a servit à cette étrange reconstitution auriculaire. Une performance qui tient plus de Salvador Dali que de la génétique moléculaire.


Une question demeure en suspend, que faut-il entendre de cette œuvre ?

1.    Antonin Artaud, Van Gogh, le suicidé de la société, 1947. Dans ce texte féroce, Antonin Artaud, s’identifiant à Van Gogh, remet en cause l’idée selon laquelle Van Gogh était fou, moyen pour l'écrivain de régler ses comptes avec la psychiatrie.
2.    La formule exacte de Serge Gainsbourg au sujet d’Antonin Artaud dans le titre hmmm hmmm hmmm (1984) est « le génie ça démarre tôt, mais il y a des fois ça rend marteau ».
3.    Des historiens d’art affirment désormais que c'est le peintre Paul Gauguin qui a tranché l'oreille de son ami au cours d'une dispute.

FH

Copyright © http://www.jim.fr

Réagir

Vos réactions

Soyez le premier à réagir !

Les réactions aux articles sont réservées aux professionnels de santé inscrits
Elles ne seront publiées sur le site qu’après modération par la rédaction (avec un délai de quelques heures à 48 heures). Sauf exception, les réactions sont publiées avec la signature de leur auteur.

Réagir à cet article