
L’oreille cassée
Cherchant peut-être à percer le mystère de cette esgourde mutilée, que l’artiste néerlandais s'était coupée au cours d'une crise en présence de son ami Paul Gauguin en 1888 (3), Diemut Strebe, dont l’objectif affiché est d’établir un croisement entre arts et sciences, a exécuté une « œuvre » qui est exposé au musée de Karlsruhe en Allemagne jusqu’au mois de juillet.
Travaillant à partir de "matières" biologiques, elle a «
régénéré » l'oreille du peintre, avec la collaboration de
scientifiques, en utilisant l'ADN d'un des descendants de son frère
Théo et une imprimante 3D. « L'oreille a été fabriquée avec des
tissus de cartilage et a la même forme que celle de Van Gogh
», explique Dominika Szope, la porte-parole du Centre pour
l'Art et les médias de Karlsruhe.
L’homme qui murmurait à l’oreille mutilée
Cette « œuvre vivante » intitulée Sugababe permet de plus aux visiteurs de murmurer à cette oreille à l’aide d’un microphone. Le son, une fois passé dans le liquide où elle baigne, est enregistré dans « l'installation ». Des confidences post-mutilation et post-mortem auxquels s’est adonnées sans vergogne, Lieuwe Van Gogh, l’arrière petit neveu du peintre dont l’ADN a servit à cette étrange reconstitution auriculaire. Une performance qui tient plus de Salvador Dali que de la génétique moléculaire.
Une question demeure en suspend, que faut-il entendre de cette
œuvre ?
1. Antonin Artaud, Van Gogh, le suicidé de la
société, 1947. Dans ce texte féroce, Antonin Artaud, s’identifiant
à Van Gogh, remet en cause l’idée selon laquelle Van Gogh était
fou, moyen pour l'écrivain de régler ses comptes avec la
psychiatrie.
2. La formule exacte de Serge Gainsbourg au sujet
d’Antonin Artaud dans le titre hmmm hmmm hmmm (1984) est « le
génie ça démarre tôt, mais il y a des fois ça rend marteau
».
3. Des historiens d’art affirment désormais que
c'est le peintre Paul Gauguin qui a tranché l'oreille de son ami au
cours d'une dispute.
FH