Tokyo, le samedi 9 mars 2013 – Les sonnettes d’alarme régulièrement
tirées par les médecins urgentistes suscitent la sympathie du grand
public. Cependant, ces alertes ne sont sans doute que rarement
appréhendées avec la gravité qu’il conviendrait d’observer. Dans
l’inconscient collectif, tout se passe comme si, en dépit des
difficultés de tous ordres décrites par les praticiens, il est
impossible que les hôpitaux ne continuent pas à faire ce qu’ils
font le mieux : accueillir les patients et les soigner. Une sordide
histoire survenue au Japon en janvier et dont les médias
occidentaux viennent de se faire l’écho confirme cependant les
conséquences potentiellement tragiques des pénuries de lits ou du
manque de personnels. Un homme de 75 ans, vivant seul dans la ville
de Kuki (préfecture de Saitama qui borde celle de Tokyo) se
plaignant de graves difficultés respiratoires a été pris en charge
par une ambulance un soir de janvier. Comme dans le film italien
célèbre "Les nouveaux monstres", les ambulanciers n’ont cependant
jamais pu faire admettre leur passager : aucun des vingt-cinq
hôpitaux et cliniques dans lesquels ils se sont rendus n’ont
accepté le patient, faute de place disponible ou de médecins en
nombre suffisant. Quand les ambulanciers se sont résolus à tenter
leur chance dans la préfecture voisine, il était trop tard : le
vieil homme était mort.