On sait qu’après un accident vasculaire ischémique, l’utilisation d’un antiagrégant est plus efficace que l’absence de traitement, et que deux antiagrégants sont plus efficaces qu’un seul. Un traitement encore plus intensif est-il alors encore plus efficace ?
C’est à cette interrogation que l’étude prospective randomisée internationale (4 pays, 106 centres) TARDIS (Triple Antiplatelets for Reducing Dependency in Ischemic Stroke) devait répondre. Ce travail a inclus 3 096 patients d’âge moyen 69 ans dont 62 % d’hommes parmi lesquels 2 143 avaient présenté un accident ischémique non cardio-embolique (57 %) et 953 un accident ischémique transitoire (43 %). Les patients ont reçu soit un traitement antiplaquettaire conforme aux recommandations britanniques (aspirine + dipyridamole ou clopidogrel en monothérapie), soit un traitement antiplaquettaire intensif associant aspirine, clopidogrel et dipyridamole.
En mars 2016, l’étude clinique a été arrêtée après inclusion de 2 213 patients en raison d’un risque accru de saignement fatal. A 90 jours, un accident vasculaire fatal a été observé chez 0,8 % des patients du groupe « traitement intensif » (n = 13) et chez 0,5 % du groupe « recommandations » (n = 8). Le risque relatif de saignements dans le groupe traitement intensif était de 2,49 (p < 0,001) et de décès hémorragique de 2,32 (p = 0,2). Le risque de saignement majeurs non létal à 90 jours était de 2,04 (p = 0,013), le risque de décès et de saignement intracérébral majeur de 3,33 (p = 0,037) et celui de saignement fatal non cérébral de 1,76 (p = 0,092). Au plan de l’efficacité, la trithérapie n’était pas supérieure au traitement de référence. Aucune différence significative n’a en effet été observée entre les deux groupes en ce qui concerne le nombre de décès, d’infarctus du myocarde, d’accident vasculaire cérébral ou de saignement majeur. Ces résultats sont en défaveur d’un traitement antiplaquettaire intensif après un accident vasculaire cérébral ischémique dans le but de prévenir un nouvel accident vasculaire ischémique ou un accident ischémique transitoire.
Dr Emmanuel Cuzin