Actualités thérapeutiques en neurologie année 2018
SEP : de plus en plus de molécules qui posent la question du
choix (1)
Deux molécules sont récemment apparues pour traiter les
patients ayant une SEP récurrente-rémittente : la cladribine (pour
laquelle la commission de transparence a rendu en septembre 2018 un
avis de SMR insuffisant pour justifier d’une prise en charge par la
solidarité nationale) et l’ocrelizumab (SMR important, ASMR III
modéré pour le stade précoce et ASMR V pour la forme très active).
Les modes d’action de ces produits sont très différents ainsi que
le mode de surveillance.
Dans les formes progressives (primaire ou secondaire), ce sont
aussi deux nouvelles molécules qui sont apparues, l’ocrelizumab
(qui permet une déplétion des lymphocytes B du stade pré B au
plasmablaste) et le siponimod (un inhibiteur sélectif du récepteur
de sphingosine 1-phosphate [S1P1] et [S1P5]) qui inhibe la sortie
des lymphocytes des ganglions). Quant à l’avenir, l’ibudilast a
montré un beau potentiel dans la forme primaire progressive tandis
que les cellules souches hématopoïétiques pourraient sous condition
(des recommandations françaises viennent d’être éditées) donner
aussi de bns résultats chez certains patients et permettre d’offrir
avec l’ensemble de l’arsenal aujourd’hui à disposition une médecine
la plus personnalisée possible en fonction des marqueurs cliniques,
radiologiques ou biologiques disponibles.
Migraine : objectif CGRP… (2)
Pour mieux comprendre les apports des nouveaux traitements dans la
migraine, il faut se rappeler que l’objectif du traitement dans les
études cliniques est le soulagement complet à 2 heures et celui du
traitement préventif de réduire le nombre moyen de jours de
migraine par mois ainsi que le taux de répondeurs à 50 %. Il existe
aussi deux types de migraine selon la fréquence des crises :
épisodique (<15 jours/mois) et chronique. Les traitements
actuels agissent principalement contre la CGRP (calcitonin
gene-related peptide), soit en diminuant sa libération (ce que
font les triptans et les ditans), soit en bloquant le récepteur de
la CGRP comme les geptants, soit en bloquant cette CGRP directement
avec les anticorps monoclonaux anti-CGRP et anti-récepteur de la
CGRP. Au moment de la crise, les ditans (et notamment le
lasmiditan) exercent une activité comparable aux triptans sans
action vasoconstrictrice. Les geptants ont également une activité
comparable avec l’avantage d’une tolérance excellente. La grande
nouveauté est cependant l’apparition de traitements de fond,
particulièrement dans les formes sévères avec les anticorps
monoclonaux (eptinezumab, erenumab, galcenumab, fremanezumab) qui
diminuent la fréquence des crises et laissent présager aux
migraineux beaucoup d’espoirs.
Pathologies neuromusculaires : on sort de l’impasse
thérapeutique (3)
Il est possible aujourd’hui de traiter autrement les
polyneuropathies inflammatoires démyélinisantes chroniques (PIDC)
car les immunoglobulines injectées par voie sous-cutanée offrent
des résultats équivalents à ceux des immunoglobulines en IV. Ces Ig
augmentent le confort des malades et auront probablement un impact
économique car elles nécessitent moins d’hospitalisations.
L’amyotrophie spinale est une maladie rare mais sévère et souvent
létale. Liée à une délétion du gène pour la protéine SMN1, elle
peut être aujourd’hui prise en charge avec des oligonucléotides
antisens qui permettent l’expression de SMN2 et ralentissent ainsi
l’évolution de la maladie. Il reste encore à répondre à quelques
questions à leur propos : le bénéfice dans le temps, leur coût,
leur utilité dans la forme adulte, et leur voie d’administration,
actuellement intrathécale. Enfin certaines pathologies génétiques,
dont la neuropathie amyloïde familiale, bénéficient de
l’administration de partisiran et d’inotersen, qui agissent très en
amont, sur l’ARN. Enfin, dans la maladie de Charcot-Marie-Tooth de
type 1, l’association baclofène, naltrexone et sorbitol apporte de
nouveaux espoirs.
Neuromodulation : un peu de science-fiction… (4)
Les cibles de la neuromodulation sont de plus en plus diverses :
intra- et extra-cérébrales (pour stimuler un nerf), profondes et
corticales et sous un mode invasif (électrodes implantées) ou
non-invasif sans qu’il n’y ait de réelle supériorité d’un mode par
rapport à l’autre. La neuromodulation existe également sous forme
de deux systèmes. Le close loop ou boucle fermée répond à un signal
sous forme de feedback (selon l’état et la réponse du patient) et a
donc un intérêt sur l’effet on/off. Et l’open loop dont l’intérêt
réside dans son effet sur la plasticité cérébrale à moyen ou à long
terme. Les applications de la neuromodulation vont dna le même sens
et sont ainsi aujourd’hui de plus en plus vastes : mouvements
anormaux, douleur, épilepsie, dépression, rééducation. Quant aux
perspectives d’avenir, elles sont multiples, notamment avec de
nouvelles méthodes de stimulation….
Alzheimer et maladies apparentées : la soupe à la grimace
(5)
Le déremboursement des anticholinestérasiques a fait grand bruit et
l’objet d’une mise au point réprobatrice de la part de la Société
Française de Neurologie qui ne compte pas en rester là… Cela dit,
la question aujourd’hui est de savoir quel traitement donner à quel
moment de la maladie ? Au stade de démence ? De MCI ? Au stade
présymptomatique ? Ou encore plus en amont ? La plupart des
traitements récents, qui visaient les plaques amyloïdes, ont été un
échec. Non pas sur la régression des plaques amyloïdes (leur
efficacité est bien réelle) mais sur les symptômes. Ce qui pose la
double question de la durée des essais (deux ans sont-ils
suffisants pour apprécier la non-activité clinique ?), et surtout
celui de la cible visée. On se dirige actuellement vers des
traitements anti-tau (voire avec des traitements ADN/ARN
interférent comme c’est le cas dans la maladie de
Huntington).
Neurovasculaire : time is (toujours) brain
On constate avec les études récentes une extension des
indications de la thrombectomie sur les AVC du réveil ou sur les
AVC de plus de 6 heures ou sur des récidives précoces. La décision
se prend sur des données d’imagerie portant sur le volume de
l’ischémie. Dans les AIT, on sait maintenant que le risque de
récidive est élevé à 1 an (6,2 %) et à 5 ans (12,9 %), laissant la
place à l’intérêt de la prévention par un double traitement
antiplaquettaire, au minimum au cours des 30 premiers jours qui
suivent l’accident afin d’éviter le risque d’ischémie
secondaire.
Les hématomes sont également une situation préoccupante. Le
temps est également compté en leur présence et il est important de
prendre en charge en aigu ces patients en diminuant la pression
artérielle pour réduire la taille de ces hématomes, Se pose encore
la question de savoir que faire en prévention des AVC chez les
patients avec fibrillation auriculaire qui ont des antécédents
d’hématome.
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