La faible adhésion des patientes est un problème majeur dans la prise en charge de l’ostéoporose comme dans toute maladie chronique, mais son importance et son retentissement dans la pratique ne sont pas bien établis. Une étude rétrospective des données du Centre contre l’ostéoporose de l’hôpital San Paolo à Milan a été réalisée pour mieux cerner la réalité de l’adhésion des patientes ostéoporotiques sous traitement médicamenteux, pour identifier les facteurs déterminants sur une longue période et pour évaluer l’impact d’une adhésion sub-optimale sur le risque fracturaire en pratique clinique.
L’adhésion était quantifiée à l’aide de l’indice MPR (Medication Possession Ratio) en pourcentage de jours de traitement délivré sur une période de 365 jours, calculé pour chaque patiente à chaque consultation. Au total 76 patientes sous traitement anti-ostéoporotique venant pour un contrôle entre janvier et août 2008 et suivies depuis plus de 5 ans ont été incluses et ont bénéficié de 730 consultation avec une durée moyenne de suivi de 9,5 ans. Des problèmes d’observance ont été signalés au cours d’un quart des évaluations, touchant 9 patientes sur 10. Le MPR moyen sur toute la période de suivi était de 86,58 %, et il était inférieur à 10 % à 38 consultations. Un effet secondaire n’était mis en cause que dans 44 % des cas, et il s’agissait le plus souvent d’une intolérance gastro-intestinale.
L’adhésion thérapeutique au cours du suivi était meilleure en cas de premier contrôle avant 60 ans et en cas de prise hebdomadaire de biphosphonates comparativement à une prise quotidienne ; elle était en revanche moins bonne en présence de comorbidités. Les patientes avec un antécédent de fracture étaient plus observantes, dès la première année suivant la fracture, et pendant tout le suivi. Le groupe des femmes considérées comme non-adhérentes, du fait d’un MPR inférieur à une valeur seuil de 85 %, présentait un risque relatif de fracture égal à 1,75 par rapport aux patientes adhérentes. En considérant 3 périodes de suivi, l’adhésion au traitement semblait augmenter dans le temps : 84,53 % puis 87,64 % au cours des 2 premières tranches de 4 ans, et 91,19 % pour l’ensemble des années suivantes.
Cette étude montre que les principaux facteurs déterminants de l’adhésion au traitement déjà décrits dans les essais cliniques et sa relation avec le risque fracturaire se retrouvent en pratique courante. Une augmentation du taux d’adhésion est aussi constatée chez les patientes qui présentent un antécédent de fracture et sont plus motivées, et chez celles qui sont traitées depuis de nombreuses années.
Dr Gabriel Soyeux