ADOLESCENCE : LA PREVENTION EN CULOTTES COURTES ?

Adolescence : La prévention en culottes courtes ?

Le squelette se développe au cours de l'enfance et de la puberté pour atteindre un maximum en fin d'adolescence. La vitesse de remodelage varie toutefois de façon importante au cours de ces différentes étapes biologiques. Ainsi, 37 % de la masse osseuse d'un adulte sont acquis au cours de la seule adolescence. Les apports calciques tout comme l'absorption intestinale du calcium doivent permettre de couvrir à la fois la croissance osseuse et les pertes obligatoires (essentiellement dans les urines et les fèces).

Au cours de l'adolescence, la retention calcique s'accroît avec les apports : ainsi contrairement à ce qui se passe chez l'adulte, l'augmentation des apports calciques ne s'accompagne pas d'un accroissement parallèle de l'élimination urinaire du calcium.

Qu'en est-il de l'effet d'une supplémentation calcique sur le pic de masse osseuse ? Il reste, en fait, incertain : des études de population ont bien mis en évidence une masse osseuse plus élevée chez les sujets à forts apports calciques, mais il s'agissait dans ces cas essentiellement de produits laitiers et donc d'apports non pas purement calciques.

L'un est supplémenté et l'autre pas

C.C. Johnston et coll. ont essayé de savoir si un supplément en sels de calcium sous la forme de 1 000 mg de citro-malate était capable d'augmenter le pic de masse osseuse des adolescents. Pour éliminer les facteurs génétiques qui déterminent 80 % de la variance de la masse osseuse, ils ont fait appel à 70 paires de jumeaux âgés de 6 à 14 ans : l'un a reçu 1 000 mg de calcium par jour et l'autre un placebo et ce pendant 3 ans ; 45 paires de sujets ont terminé l'étude. La densité minérale osseuse était suivie par absorptiométrie biphotonique réalisée au poignet, au rachis lombaire et au col fémoral.

Les apports calciques moyens des jumeaux sous placebo ont été de 908 mg/j contre 1 612 mg/j chez les sujets supplémentés.

Chez les 22 jumeaux qui sont restés impubères tout au long de l'étude, la supplémentation calcique s'est traduite par une plus grande augmentation de la densité minérale au radius (+ 5,1 % au niveau proximal "cortical" et + 3,8 % à l'étage distal "trabéculaire") par rapport aux jumeaux non supplémentés. Une différence du même ordre a été observée au rachis lombaire (+ 2,8 %) ainsi qu'au niveau du triangle de Ward et du grand trochanter, mais pas au col fémoral. En revanche, aucune différence n'a été constatée chez les jumeaux en cours de puberté ou en période post-pubertaire au cours de l'étude.

Des hypothèses multiples

Cette absence de réponse peut recevoir plusieurs explications. Premièrement, il pourrait s'agir d'une posologie insuffisante : il est certain que les sujets ayant déjà fait leur puberté recevaient moins de calcium par kilo de poids que les jumeaux en période prépubertaire. Cependant aucun effet-dose n'a été noté quel que soit le site considéré.

Il est aussi possible que l'augmentation de l'accrétion osseuse entraînée par les modifications hormonales soit d'une telle intensité qu'elle masque l'éventuel bénéfice induit par la calcithérapie à l'instar de ce qui se passe au cours de la phase précoce de la ménopause.

Enfin, il est vraisemblablement difficile de mettre en évidence un bénéfice net de la calcithérapie au cours d'une période de croissance osseuse rapide avec un si petit nombre de sujets.

Quoi qu'il en soit, il est particulièrement intéressant de noter que chez des enfants non carencés en calories ou en calcium, une supplémentation à des taux situés au-delà de ce qui est habituellement recommandé s'accompagne d'une augmentation de la densité minérale. Un tel accroissement permet d'espérer une réduction du nombre des fractures dans la vie adulte à condition que ce gain se maintienne...

L'ostéoporose serait-elle une maladie pédiatrique ?

Flavien Oberlin

Johnston C.C. et coll. : "Calcium supplementation and increases in bone mineral density in children". N. Engl. J. Med., 1992 ; 327 : 82-87.

Tirés à part : Dr Johnston, Indiana University School of Medicine. Emerson Hall, Rm. 421, 545 Barnhill Dr., Indianapolis, IN 46202-5124, Etats-Unis.

OBERLIN FLAVIEN

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