Allergie alimentaire: IgE médiée ou non IgE-médiée ?
La prévalence des allergies, en particulier alimentaires,
semble être en constante augmentation. Les dernières données en
France datent de 2005, année au cours de laquelle la prévalence des
allergies alimentaires était évaluée à 4,0 % entre 2 et 5 ans, 6,8
% entre 6 et 10 ans et 3,4 % entre 11 et 14 ans. Le lait de vache,
l’œuf, le kiwi, les fruits à coque, l’arachide, les poissons et la
crevette étaient les aliments le plus souvent
incriminés.
Pour rappel, les allergies alimentaires peuvent être divisées en
deux groupes : les allergies alimentaires IgE-médiées, ou
immédiates, et les allergies alimentaires non IgE-médiées ou
retardées, qu’il convient de différencier car les symptômes, les
méthodes diagnostiques et la prise en charge sont
différentes.
Allergies alimentaires IgE-médiées
Dans les allergies alimentaires IgE-médiées, les symptômes
surviennent rapidement (quelques minutes à quelques heures) et
plusieurs organes peuvent être touchés : digestif (syndrome oral,
vomissements, douleurs abdominales), cutané (urticaire, œdème,
prurit palmo-plantaire), respiratoire (asthme, œdème laryngé),
ORL/ophtalmologique (rhino-conjonctivite) ou encore
cardio-vasculaire (tachycardie, hypotension artérielle). Quant à
l’anaphylaxie, forme la plus grave, elle se manifeste par une
atteinte respiratoire ou une difficulté pour parler ou par
l’association de l’atteinte de deux organes. Le diagnostic de ce
type d’allergie alimentaire repose sur l’anamnèse à la recherche
d’antécédents atopiques, du mode d’exposition (ingestion, contact,
inhalation), des aliments consommés dans les instants précédant la
réaction, du délai entre le repas et les symptômes, du type de
symptômes et des traitements administrés. Ensuite, est réalisé un
bilan allergologique avec prick-tests cutanés (positifs si >
3mm) et dosage des IgE spécifiques (positifs si > 0,35 kU/L)
selon un choix guidé par l’anamnèse. Le diagnostic de certitude
passe par le test de provocation orale à réaliser en milieu
hospitalier.
Allergies alimentaires non IgE-médiées
Dans le cas d’une allergie alimentaire non IgE-médiée, les
symptômes peuvent survenir quelques heures à quelques jours après
l’ingestion alimentaire suspecte. La plupart du temps, l’allergie
se manifeste par une dermatite atopique avec/sans troubles
digestifs tels que diarrhée, constipation opiniâtre, vomissements,
symptômes de reflux, douleurs abdominales, voire même une cassure
de la courbe staturo-pondérale lorsque l’enfant réduit ses apports
en cas d’allergie alimentaire retardée. Le diagnostic évoqué par
l’anamnèse sera confirmé par un test d’éviction d’une durée de 2 à
4 semaines suivi par un test de réintroduction. Les aliments le
plus souvent en cause sont les protéines de lait de mammifère, le
blé, les œufs. Mais, avant de l’affirmer, on précisera le type de
symptômes, le délai de survenue, la réponse aux traitements tandis
que les prick tests n’ont qu’un intérêt limité. Enfin, pour
ne pas passer à côté d’une intolérance au gluten, un dosage des IgA
antitransglutaminase sera réalisé si une allergie retardée au blé
est suspectée. Par ailleurs, il ne faut pas méconnaître un SEIPA
(syndrome d’entérocolite induit par les protéines alimentaires),
consécutif à une allergie aux protéines de lait de vache, de
poissons et crustacés, d’œufs, de céréales ou encore de volailles,
et qui peut se présenter sous une forme aiguë ou chronique avec des
symptômes parfois invalidants.
Parmi les autres diagnostics différentiels à ne pas méconnaître, on
peut citer l’intolérance aux amines biogènes (essentiellement des
symptômes cutanés après ingestion d’un repas riche en histamine),
le déficit immunitaire en lactase ou intolérance au lactose
(soulagé par la consommation d’aliments pauvres en lactose) et le
déficit enzymatique en saccharase-isomaltase (consécutif à la
consommation d’aliments riches en saccharose). Enfin, on citera le
syndrome de Lucie Frey, une neuropathie végétative rare d’origine
traumatique touchant le nerf auriculotemporal à la naissance. Ce
syndrome se manifeste chez le nourrisson au moment de la
diversification alimentaire par la survenue de flushs à l’ingestion
d’aliments acides ou sucrés, le plus souvent unilatéraux au niveau
du territoire du nerf.
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