Antidépresseurs : un « gaspillage » de prescriptions ?

Plusieurs études ont suggéré un usage non optimal des antidépresseurs en France. Souhaitant évaluer ce fait de manière objective et sur un plan national, une équipe de la Caisse nationale de l’Assurance Maladie des travailleurs Salariés a revu sa base de données et analysé les patients ayant reçu au moins une délivrance d’antidépresseurs en 2011, soit 930 753 adultes (2,5 % de la population) avec une prescription par un généraliste dans 89 % des cas. Sur l’ensemble des patients, 40 % n’ont reçu qu’une prescription (8 sur 10 n’en recevant de plus aucune au cours des deux années qui ont suivi) et 30 % 2 à 5 prescriptions. Parallèlement, ils ont constaté chez ces patients un taux non négligeable d’arrêts de travail de longue durée (2,6 % à 4,4 %). Ce constat incite les auteurs à demander de cibler beaucoup plus étroitement l’instauration d’un traitement antidépresseur et d’accompagner celui-ci sur le long terme. Cette étude vient d’être publiée dans l’International Journal of Clinical Practice (1).

Dr Dominique-Jean Bouilliez

Références
(1)Fagot JP et coll.: Cohort of one million patients initiating antidepressant treatment in France: 12-month follow-up. Int J Clin Pract. 2016 Sep ; 70 (9) : 744-51.
Cuercq A et coll.: Recours aux soins 3 ans après un traitement antidépresseur, une cohorte nationale. 8ème Congrès Français de Psychiatrie (Montpellier) : 23-26 novembre 2016.

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Vos réactions (2)

  • On a dégradé le médecin, en subliminal, de touche en touche

    Le 13 décembre 2016

    Qu'est ce que cela sous entend ? Je fais simplement le constat que sur 2,5% de la population qui reçoit un jour un antidépresseur, très peu le poursuive. Du fait du médecin ? Du fait du patient ? Du fait de la communication qui a tendance à dire que le Français consomme trop de psychotropes (sous entendu, c'est à priori mal). Et dans le même temps, sans médicament psychotrope donc (puisqu'il n'y a plus de prescription), il y a compensation par arrêt de travail, surement d'ailleurs justifié, et de longue durée. CQFD, il était bien en mal être.

    D'une part, c'est un médecin qui prescrit: donc à priori c'est justifié. Puisque, la prescription est arrêtée et remplacée par un arrêt de travail (c'est que le mal être est là).

    Quand on aura compris que tout ce qui a dégradé l'image du médecin de famille se retourne contre ceux qui l'ont dégradée, avec les conséquences en terme de médecine, de prévention, de soins, d'observance. Ce sacré médecin de famille (je suis retraité), il prescrivait trop, trop mal, on lui retire le droit de prescrire certains médicaments parce que d'autres, eux, savent, donc pas lui, et on s'étonne des doutes qu'on a mis dans la population: le responsable, c'est le gestionnaire, qui lui, ne voit que ses sous, et a voulu s'occuper de médecine à la place des médecins. Le gestionnaire (le gestionnaire aurait économisé un milliard par an, s'il avait remboursé le médicament sur la base du générique). Dans son souci de sauver la sécu et son trou, le gestionnaire, sous la façade d'une maitrise médicalisée, ne sait faire que de la maitrise comptable en désignant un seul coupable: le médecin.

    Sacré médecin. A défaut de PISA catastrophique, nous, au moins, on a un indicateur d'espérance de vie qui n'est pas mauvais. Mais on va dire que c'est l'hygiène de vie... Ca va sous entendre que les "autres" ne se lavent pas et mangent des pesticides et que la pollution, ce n'est pas en France.

    Dr Gilles Menu

  • Etude parcellaire

    Le 16 décembre 2016

    Il eut été bien de chercher si les dits-patients étaient ensuite vus par un psychiatre. Il n'est pas dit non plus que les arrêts mlaladie qui ont suivis ont tous été prescrits par le médecin ayant prescrit les premiers anti-dépresseurs. Avec une seule donnée, on fait dire ce qu'on veut aux chiffres. Et au final, on aboutit à des conclusions sauvages.

    Avant ceux qui prescrivent sans savoir le faire, il y avait les nombreux incapables de tenir compte d'un état dépressif et donc de le pendre en charge. Et pour les psychiatres, combien prescrivent un traitement antidépresseurs qui ne serat pas suivi ? Tant qu'à faire parler les chiffres...

    Ou l'étude est un constat sans grande analyse (utilité ?), ou sa restitution est tellement lapidaire qu'elle en perd son sens.

    C. Durand

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