SFR – Paris. La polyarthrite rhumatoïde (PR) frappe près de 600 000 personnes en France et dans 20 % des cas, cette affection s’avère très invalidante et diminue considérablement la qualité de vie des patients. Les critères classiques de classification de l’ACR (American collège of Rheumatology) sont très utiles pour mener des études de recherche clinique mais n’ont que peu d’intérêt pour la démarche diagnostique au tout début de la maladie.
La cohorte ESPOIR (Evaluation et Suivi des POlyarthrites
Indifférenciées Récentes) a inclus des patients atteints de
rhumatismes inflammatoires débutants, âgés de 18 à 70 ans, non
traités, souffrant d’au moins 2 synovites depuis plus de 6 semaines
et moins de 6 mois. Cette large base de données nationale a été
mise en place afin d’approfondir les connaissances sur la PR, tant
d’un point de vu clinique, physiopathogénique que
médico-économique, et ainsi d’améliorer le diagnostic et la prise
en charge de cette maladie à un stade précoce.
Les patients inclus étaient en majorité des femmes (77 %) et
étaient relativement jeunes (âge moyen de 48 ans). Parmi les 811
malades analysés, 359 (44 %) étaient considérés comme souffrant de
PR. Les 7 variables suivantes étaient significativement associées
au diagnostic (par odds ratios [OR] décroissants :
-présence d’érosions radiologiques (OR=10,09 ; intervalle de
confiance à 95 % [IC 95] de 5,27 à 19,32) ;
-nombre de synovites supérieur à 6 (OR=5,36 ; IC 95 de 3,58 à 8,02)
;
-présence d’anticorps anti-CCP (OR=5,09 ; IC 95 de 3,08 à 8,52)
;
-symétrie de l’atteinte articulaire (OR=2,94 ; IC 95 de 1,98 à
4,36) ;
-atteinte périphérique (OR=2,36 ; IC 95 de 1,07 à 5,22) ;
-présence du facteur rhumatoïde (OR=2,26 ; IC 95 de1,39 à 3,65)
;
-taux de CRP > à 10 mg/l (OR=1,81 ; IC 95 de 1,25 à 2,63).
Ces résultats préliminaires confirment certaines données cliniques déjà connues (atteinte poly-articulaire, symétrique et périphérique de la PR). Ils montrent également qu’en cas d’arthrites récentes, les données radiographiques et biologiques sont des facteurs diagnostiques importants, et notamment la recherche d’anticorps anti-CCP, marqueur hautement spécifique de la PR.
Dr Serge Brugier