Très fréquente, l’arthrose de la main reste une source majeure d’incapacité…qui laisse désemparés les patients mais aussi parfois les rhumatologues. Car la prise en charge est difficile d’autant que l’évolution est mal prédite par la symptomatologie clinique
C’est ce qu’ont illustré la plupart des présentations orales consacrées à ce thème ce jeudi 17 juin au congrès de l’EULAR à Rome.
Peu d’aggravation clinique en 7 ans
B Slatkowsky-Christensen et coll.ont ainsi rapporté les résultats d’une étude menée chez 110 patients (100 femmes) souffrant d’arthrose de la main, âgés en moyenne de 61,5 ans (1). A l’inclusion, les plaintes fonctionnelles et la douleur ont été évaluées par l’index AUSCAN (Australian/Canadian Osteoarthritis Hand Index). Les lésions radiologiques au niveau de chaque main (interphalangiennes distales et proximales et carpométacarpiennes du 1er rayon) ont été cotées à l’aide des scores de Kellgren et Laurence et de l’atlas OARSI pour les ostéophytes, les érosions, les modifications des espaces articulaires etc. La force de préhension de la main droite a également été mesurée.
Au terme d’un suivi moyen de 7,3 ans la douleur n’avait pas significativement augmenté et la force de préhension ne s’était pas significativement dégradée, seule la raideur s’étant aggravée. En revanche, sur le plan radiologique toutes lés lésions avaient progressé et en particulier les ostéophytes. La présence d’ostéophytes et de nodules était associée à une progression radiologique plus importante mais en revanche on ne retrouvait pas de lien entre douleurs, signes fonctionnels et même perte de la force de préhension et progression radiologique.
Bouchard et Heberden en cas d’arthrose érosive
Les choses semblent différentes en cas d’arthrose érosive, dont une étude présentée à ce congrès établit la prévalence en population générale à 2,8 % (2). La douleur et le handicap sont trois fois plus fréquents en cas d’arthrose érosive, note cette équipe de Rotterdam. Tandis que des auteurs italiens constatent de leur côté que les nodules de Bouchard et d’Heberden sont plus fréquents en cas d’arthrose érosive (3).
Un meilleur parallélisme avec l’échographie
Peut-être la solution viendra-t-elle d’autres méthodes de diagnostic et d’évaluation de l’arthrose. Il pourrait s’agir notamment de l’échographie doppler (4). Un « atlas » échographique peut être établi à partir de l’importance des ostéophytes (0 à 3), de l’intensité des niveaux de gris (0 à 3) et du signal doppler puissance. Selon AJ Mathiessen, les données échographiques permettraient un diagnostic plus précoce et de prédire la réponse aux traitements. IJ Haugen et coll. dans leur communication ont présenté par ailleurs les résultats d’une étude qui montre une association significative entre la douleur spontanée, et la douleur à la palpation et tous les paramètres échographiques.
Dr Marie-Line Barbet