Dans le traitement de l'arthrose, jugée comme une maladie
irréversible du vieillissement, de nouvelles pistes thérapeutiques
sont explorées. La première vise le NGF (
Nerve Growth
Factor) dont l'inhibition par un anticorps monoclonal a été
testée chez des patients qui présentent une arthrose de hanche ou
de genou selon les critères ACR radiographiques. La deuxième piste
explorée est celle d'une approche ciblée de la voie Wnt évaluée
chez des patients présentant une arthrose de grades 2-3 suivant les
critères de Kellgren-Lawrence. Ce ne sont encore que des
balbutiements mais ils ont le mérite d'exister…
Dans l'arthrose, une inflammation chronique de bas grade pourrait
expliquer la pathogenèse. Elle impliquerait des cytokines, des
facteurs du complément, des macrophages, des monocytes, des
intégrines mais aussile NGF (
Nerve Growth Factor) à
l'origine de la douleur. D'où l'idée d'utiliser le tanézumab, un
anticorps monoclonal dirigé contre le NGF. Il est évalué dans un
essai randomisé (1) en double aveugle versus placebo incluant 696
patients qui présentent une arthrose de la hanche ou du genou
(critères ACR radiographiques). Les patients ont été randomisés
pour recevoir en SC 2,5 mg à J1 de tanézumab, puis 2,5 mg ou 5 mg 8
semaines plus tard. À 16 semaines, on observe sous tanézumab, une
amélioration significative de la douleur avec un score WOMAC Pain
de -3,2 sous tanézumab 2,5 mg, - 3,4 sous tanézumab 2,5/5 mg
versus -2,6 sous placebo. La fonction physique est également
améliorée avec un score WOMAC de -3,2 sous tanézumab 2,5, - 3,5
sous tanézumab 2,5/5 mg
versus -2,6 sous placebo. Enfin
l'amélioration globale rapportée par le patient est plus importante
sous tanézumab que sous placebo. Le bémol est qu'on constate une
augmentation inexpliquée du nombre d'arthroplasties de hanches ou
de genoux chez les patients sous tanézumab.
Et un anti-Wnt en intra-articulaire ?
La voie de signalisation Wnt est impliquée dans la différenciation
des ostéoblastes et des chondrocytes et permet le maintien de
l'homéostasie de l'articulation. Dans l'arthrose, on observe une
activation de cette voie dans l'os sous-chondral, le cartilage
articulaire et la membrane synoviale. Des données précliniques
montrent qu'une inhibition locale de la voie Wnt dans
l'articulation permettrait de diminuer la sévérité des lésions
arthrosiques induites. Dans cette étude (2) de phase IIb, le
SM04690, un inhibiteur de la voie Wnt, est testé à 4 doses
différentes (de 0,03 mg à 0,23 mg) en intra-articulaire chez 695
patients (âge moyen: 59 ans, BMI: 29 kg/m², 58,4% de femmes) avec
une arthrose de grades 2-3 selon le score de Kellgren-Lawrence.
L'amélioration de la douleur est significative aux doses de 0,07 et
0,23 mg sur base du WOMAC Pain. Pour la fonction physique, la
tendance est la même sur base du score
WOMAC Physical
Function aux semaines 12 et 24.
Vrai ou faux espoirs ?
Pour le tanézumab, la conclusion des auteurs est que ce n'est
probablement pas le traitement magique de l'arthrose mais si son
emploi pouvait en partie résoudre le symptôme douleur et diminuer
la consommation d'antalgiques, ce serait déjà un premier succès.
Pour la voie Wnt, on peut regretter que cette étude ne comporte pas
une imagerie du cartilage par IRM chez les patients répondeurs
cliniques. Quoiqu'il en soit, c'est une autre piste intéressante
dont on attendra les résultats sur le long terme.
Dr Claude Biéva