L’obésité augmentant l’incidence de l’asthme chez l’adulte et chez l’enfant, des équipes américaines se sont demandées si cet accroissement d’incidence pouvait être en partie lié à une erreur portant sur le diagnostic d’asthme, et ont cherché à préciser l’influence du percentile d’indice de masse corporelle (IMC) sur le diagnostic de cette affection. Le Dr JE Lang, de la Mayo Clinic, a présenté, au cours du 8e Congrès international de pneumologie pédiatrique, les résultats de l’analyse multicentrique menée en s’appuyant sur les données cliniques et spirométriques.
L’étude a été conduite, entre avril 2001 et décembre 2006, auprès de 2 358 enfants et adolescents, âgés de 8 à 17 ans, ayant consulté dans 11 centres pour symptômes d’asthme ou symptomatologie asthmatiforme.
Dans cette population d’étude, 44 % des enfants et adolescents avaient un surpoids ou étaient obèses. Près de 28 % avaient un IMC dépassant le 95e percentile, et 9 % un IMC au-dessus du 99e percentile.
Ce profil d’obésité extrême (IMC supérieur au 99e percentile) a
été observé dans près de 10 % des cas, que l’asthme ait été
diagnostiqué en structure de soins primaire (9,6 %), ou par un
spécialiste (9,3 %), ou encore selon des critères plus stricts (9,6
%) : diagnostic par un spécialiste et réversibilité sous
bronchodilatateurs, rapport VEMS/CVF inférieur à 0,8, éosinophilie
sanguine atteignant ou dépassant 4 %, ou des taux d’IgE supérieurs
à 100 UI.
L’analyse met en évidence des associations significatives entre IMC
et asthme diagnostiqué en structure de soins primaire, entre IMC et
asthme diagnostiqué par un spécialiste et entre IMC et asthme
diagnostiqué selon des critères plus stricts.
En revanche, les diagnostics souvent responsables d’un pseudo-asthme, comme la dyspnée d’effort ou la dysfonction des cordes vocales, sont apparus significativement moins fréquents chez les obèses.
Les résultats montrent des associations de même sens, significatives, entre IMC et capacité vitale forcée, volume expiratoire maximal seconde, et une association significative, inverse, entre IMC et rapport VEMS/CVF. L’étude relève aussi, au-dessus du 95e percentile d’IMC, une tendance à l’augmentation du nombre de leucocytes, de polynucléaires neutrophiles et de plaquettes, en comparaison des sujets minces.
Ces données, les premières, selon les auteurs, à montrer que l’obésité n’est pas, chez l’enfant, un facteur de confusion influant significativement sur la justesse du diagnostic d’asthme, montrent que l’augmentation d’incidence de l’asthme chez l’obèse n’est pas le fruit d’une erreur portant sur le diagnostic d’asthme. Elles suggèrent qu’un indice de masse corporelle élevé est associé à une probabilité accrue d’asthme vrai, d’obstruction aérienne et de d’inflammation systémique, surtout au-dessus du 95e percentile.
Dr Julie Perrot