Le rôle de l’immunité dans l’asthme ne fait actuellement plus de doute. Différents travaux ont démontré qu’une infection respiratoire au cours des premières années de vie, par le virus respiratoire syncytial (VRS) ou le rhinovirus, est liée à une augmentation du risque de développer un asthme. Ces virus sont aussi souvent mis en cause dans les exacerbations de l’asthme (40 à 80% des cas) quel que soit son niveau de sévérité.
De nombreuses études sont entièrement consacrées à chercher une explication à ce lien entre virus et asthme et à démontrer l’existence d’une réponse immune spécifique qui définirait un phénotype particulier d’asthme. Elles ont confirmé l’hypothèse que lors d’une crise d’asthme, l’inflammation n’est pas la seule réponse à l’infection et suggéré que des profils immuns différents pourraient expliquer la variabilité des réponses aux atteintes virales.
Les différentes théories se concentrent sur deux acteurs principaux de l’immunité innée, les cellules dendritiques et les cellules épithéliales bronchiques. En exprimant des récepteurs (Toll-like récepteurs) ces acteurs semblent jouer un rôle central dans la réponse immune adaptative. Les Toll-like récepteurs ont en effet la capacité de reconnaître des motifs présents sur les agents infectieux et certains auteurs ont évoqué l’hypothèse d’une variation d’expression ou de fonction de ces récepteurs de reconnaissance à l’origine d’un défaut de la réponse anti-virale et de la survenue d’une exacerbation.
Toutefois si l’on admet que les évolutions et profils d’asthme variables peuvent s’expliquer par une réponse immune différente, de nombreuses questions restent posées. Cette différence est-elle constitutive ou secondaire ? En ce cas quel pourrait être le rôle de l’environnement, de l’atopie ? quels seraient les composants d’une interaction entre virus et allergènes ? A quel niveau interviendrait cette différence de la réponse immune ? Serait-ce au niveau de la sensibilité aux attaques virales, de la clairance virale ou de la réponse inflammatoire de la muqueuse bronchique ?
Beaucoup d’espoirs reposent sur l’identification de cette altération de la réponse immune innée, qui permettrait de reconnaître certains phénotypes d’asthme, et notamment ceux qui seraient particulièrement à risque d’exacerbations. Et l’on peut imaginer sans peine le champ thérapeutique qui s’ouvrirait, notamment pour la prise en charge de l’asthme instable.
Dr Roseline Péluchon