La définition du clampage retardé n’est pas totalement unanime. Certain considèrent en effet que le clampage est tardif lorsqu’il intervient plus de 20 à 30 secondes après la naissance et d’autres qu’il faut attendre 2 à 3 minutes, ou encore l’arrêt de pulsations. Ses avantages sont indiscutables en particulier chez le prématuré et dans les pays en voie de développement du fait d’une amélioration de l’hématocrite du nouveau-né par augmentation du volume circulant : attendre 3 minutes avant de clamper fait gagner 100 à 150 g de poids à la naissance, sans parler de la transfusion de cellules souches. De plus, le clampage retardé facilite l’adaptation cardio-respiratoire et il n’altère pas le pH au cordon, voire même améliore la pCO2.
La Cochrane 2013 a montré que le clampage retardé diminue de moitié le risque de carence martiale chez le nouveau-né à terme mais au prix d’une augmentation des photothérapies pour ictère (4 % vs 2 %). Depuis, deux nouvelles études n’ont pas retrouvé de différence du taux de bilirubine en fonction des attitudes. Et dans le cas d’allo-immunisation connue, le clampage retardé permet de diminuer le volume des produits transfusés au nouveau-né.
Chez le prématuré, en particulier les plus immatures, le clampage retardé permet d’augmenter la température corporelle, de diminuer le recours aux inotropes et aux transfusions. Il permet également de réduire le risque d’hémorragie intra-ventriculaire de type I et II, d’entérocolite et surtout la mortalité < 32SA.
Mais, s’il fait partie des pratiques recommandées, un rapide sondage permet de se rendre compte qu’il est encore loin d’être largement pratiqué en salle de naissance, peut-être parce que les recommandations des sociétés savantes obstétricales telles que le CNGOF (2012) sont assez prudentes dans ce domaine. Pourtant, dans 9 cas sur 10, le clampage retardé (en moyenne à la 75ème seconde) ou le milking (« traire » le cordon par 4 passages) est possible, le clampage précoce étant le plus souvent dû à un problème funiculaire de type circulaire ou cordon court.
Alors force est de constater qu’en la matière, l’intervention n’est pas le clampage retardé, c’est le clampage précoce, et qu’il est temps d’y mettre fin.
Marie Gélébart