Au commencement

Paris, le samedi 12 janvier 2013 – « On sait toujours qu'une histoire commence. J'ai immédiatement compris que quelque chose se passait ». Ainsi débute le récit d'une descente aux enfers, dite entre fantaisie et élégant désespoir.  Au commencement pourtant, ce mal de dos n'a l'air de rien. Il va cependant être le premier rouage à détraquer une vie passée à l'ombre d'un jardin de banlieue. Dans « Je vais mieux », David Foenkinos, auteur des best sellers « La Délicatesse » ou encore « Le pouvoir érotique de ma femme » décrypte comment le minuscule, l'invisible, le banal (un simple mal de dos !) peut faire flancher toutes les certitudes. C'est la théorie du battement d'aile du papillon, mais pas seulement, c'est aussi une dissertation sur nos fragilités, l'exclusion des souffrances et la solitude. En filigrane, on retrouve enfin quelques pensées sur le travail de l'écriture, sur les scénarios en marche.

Au commencement : un film de John Huston

Rarement, les artistes échappent à ce type d'auto réflexion sur leur création. Dans The Master, dernier opus du talentueux cinéaste Paul Thomas Anderson, très remarqué notamment il y a cinq ans pour There will be blood, un soupçon de mise en abîme se pressent dans le rapport entre Freddie Quell (Joaquin Phoenix), un ancien GI traumatisé par la seconde guerre mondiale et Lancaster Dodd (Philip Seymour Hoffman), un maître à penser. Certains ont vu dans ce lien, mélange de fascination et de violence, une métaphore des rapports entre metteur en scène et acteur. Paul Thomas Anderson le reconnaît lui même. Mais The Master n'est pas un film centré sur les affrontements entre réalisateur et comédien, ni même une réflexion sur la scientologie, bien que Lancaster Dodd connaisse de nombreux traits communs avec le fondateur de la scientologie le troublant L. Ron Hubbard. Non, au commencement il y eut « un documentaire de John Huston tourné dans les hôpitaux psychiatriques au sortir de la Seconde Guerre mondiale, Let there be light (1946). On y voit des gens désorientés brisés. Freddie est comme eux, une sorte d’animal hypersensible et réactif, mais aussi blessé, débordé par sa violence. Il n’a rien de spirituel, et pourtant quand il croise la route du maître, qui soulève la question de la spiritualité, sa curiosité s’éveille », explique Paul Thomas Anderson dans une interview accordée au Point. Ainsi, The Master est un film sur la folie, sur la croyance et aussi et toujours sur l’Amérique.

Au commencement : une visite à François et Sophie Rude

Au commencement, au CHU de Dijon, il y a l’écho de toutes ces expériences menées partout en France faisant entrer l’art dans l’enceinte de l’hôpital. Souvent, il s’agit d’expositions sur le thème de la maladie, parfois réalisées par les patients eux-mêmes. Mais l’établissement a décidé de détourner ces codes habituels. Pour faire entrer le « musée à l’hôpital », il a proposé aux professionnels de construire eux-mêmes leur exposition. Ainsi, une première visite a été organisée au musée des beaux arts de Dijon à laquelle participaient quelques professionnels des services de Chirurgie digestive et cancérologie et de chirurgie générale et d’urgence. Au sein de l’exposition « Citoyens de la Liberté », ils ont désigné les œuvres de François et Sophie Rude qui les avaient le plus marqués. Ces dernières ont ensuite été présentées à d’autres soignants au sein du CHU et une nouvelle « sélection » a été réalisée. Celle-ci sera présentée à tous, aux patients et aux personnels, à partir du 15 janvier. On y retrouvera les toiles injustement méconnues de ce couple d’artistes dijonnais de la première moitié du XIXème siècle, témoins en clair-obscur de leur époque.

Au commencement : la prise de poids d’Emilie vers 18 ans

Il y a aussi un commencement dans le parcours difficile d’Emilie. Mais elle ne l’a pas vu, pas su. « J’ai pris beaucoup de poids à mes dix-huit ans » raconte-t-elle, mais ce n’est que lorsqu’elle a « vu les trois chiffres sur la balance » qu’elle s’est décidée à agir. Après un premier volet diffusé lundi 7 janvier, France 3 présente lundi 14 janvier la seconde partie du documentaire d’Hervé Brèque et Jean-Baptiste Gallot consacré à l’obésité et plus particulièrement à sa prise en charge chirurgicale. Une intervention qui n'intervient pas « au commencement » et qui ne peut être une fin en soi.

Aurélie Haroche

Références
Livre : « Je vais mieux » de David Foenkinos, Gallimard, 330 pages, 19,5 euros
Film : « The Master », Paul Thomas Anderson, sortie le 9 janvier, 2 h 17
Exposition : « Le musée à l’hôpital – exposition de dix-sept œuvres de François et Sophie Rude, du 15 janvier au 15 septembre, Salle interpolaire/Pôle Pathologies médico-chirurgicales digestives, endocriniennes et urologiques, 14, rue Paul Gaffarel, 21 000 Dijon.
Télévision : « Le combat contre l’obésité », France 3, lundi 14 janvier, 20 h 45
Illustration: Amédée, fille du peintre, par Sophie Rude (1797-1867) Musée des Beaux Arts, Dijon

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