Paris, le samedi 7 avril 2018 – Les crimes sexuels commis lors des
conflits armés sont l’objet d’études plus nombreuses aujourd’hui.
L’augmentation de ce type de violences quand la guerre s’installe
est quasiment systématiquement constatée par les associations
humanitaires. Tel est actuellement le quotidien des équipes MSF en
République centrafricaine. Depuis le début de l’année, les
personnels présents à l’hôpital SICA de Bangui ont pris en charge
en moyenne 300 survivantes de viols et d’agressions
sexuelles par mois. Elles s’ajoutent à celles vues dans les
maternités et les autres établissements. A Bossangoa, cinquante-six
femmes ont été vues entre septembre 2017 et aujourd’hui, soit bien
plus que les 13 femmes qui avaient été reçues entre janvier et août
2017. Cette progression du nombre de victimes est marquée par des
phénomènes de violence extrêmes, des viols de masse. Ainsi, le 3
mars, les praticiens de MSF à Bossangoa ont accueilli dix femmes
rescapées d’une attaque perpétrée le 17 février dans un village
situé à 56 kilomètres de la ville. « Les dix survivantes ont
expliqué qu’elles étaient avec un grand groupe de femmes dans la
brousse en train de collecter de l’eau, de nettoyer des vêtements
et de s’occuper de leurs récoltes lorsque les hommes d’un groupe
armé local les ont prises en otage. Certaines femmes sont parvenues
à s’enfuir, mais d’autres ont été enlevées et emmenées au camp du
groupe armé, où elles ont été violées à de multiples reprises avant
d’être remises en liberté » raconte un communiqué de MSF.
Alors que ces femmes par peur des représailles ont attendu de
longues journées avant de se rendre à l’hôpital pour recevoir des
soins tardifs (le traitement post-exposition au VIH n’a notamment
pas pu être mis en œuvre car le délai était dépassé), combien
sont-elles à ne pas oser venir témoigner et demander de l’aide ?