L'utilisation des données de prescriptions américaines de 2007 à 2014 a permis d'identifier des hypertendus nouvellement traités par 3 ß-bloquants en monothérapie et de construire 3 cohortes appariées de plus de 27 000 patients chacune. Les trois ß-bloquants étaient l'aténolol, le métoprolol et le nébivolol. L'appariement, basé sur des scores de propension pour chacune des paires comparées (nebivolol/aténolol et nebivolol/métoprolol), prenait en compte les données démographiques initiales, le score de l'index de comorbidité de Charlson, l'existence d'un diabète, d'une affection chronique pulmonaire, rénale ou rhumatologique, l'usage préalable d'autres antihypertenseurs et la durée du traitement.
Le critère principal d'évaluation de cette partie du gigantesque travail rétrospectif, initié par la firme Allergan plc qui commercialise le nevibolol aux USA, était la probabilité d'hospitalisations en relation avec un infarctus, une insuffisance cardiaque, un AVC ou un angine de poitrine dans le cadre d'un suivi s'arrêtant lors de la survenue du premier des événements ci-après (arrêt du traitement documenté par une absence de prescription pendant plus de 90 jours consécutifs, utilisation d'un autre ß-bloquant ou changement de plan de protection sociale).
Par rapport au nevibolol, il est rapporté une majoration du risque d'hospitalisation pour les événements précités de 68 % pour l'aténolol et de 105 % pour le métoprolol. L'ischémie myocardique est la cause d'hospitalisations donnant les majorations de risque les plus importantes par rapport au névibolol (infarctus : aténolol + 82 % et métoprolol + 78 % et angine de poitrine : aténolol + 77 % et métoprolol + 174 %). Les majorations de risque en rapport avec l'insuffisance cardiaque et les AVC mentionnées pour l'aténolol et le métoprolol ne sont que numériques et non significatives.
Globalement, le risque non ajusté de survenue de l'un quelconque des événements ayant conduit à une hospitalisation est de 4,7 par 1 000 patients/année, mais de 7,8 pour l'aténolol et de 9,4 pour le métoprolol.
Cela veut-il dire que les propriétés vasodilatatrices et ß3-agonistes qui distinguent le névibolol des deux autres ß-bloquants cardiosélectifs envisagés sont pour quelque chose dans ces résultats ? A vous d'en juger.
Dr Jean-Claude Lemaire et Dr Eric Tison