L’épidémie à Ebola survenue en Guinée Conakry en 2014 a surpris par son ampleur (3 804 cas dont 2 536 sont décédés), avec une diffusion géographique à 27 préfectures sur 34 touchées à des degrés divers, mais elle a aussi permis de faire des progrès dans la lutte contre ce fléau. Ces progrès concernent tous les domaines de contrôle d’une maladie à potentiel épidémique : le développement d’un véritable système d’alerte et de riposte réactif à dimension régionale ainsi que toutes les avancées en termes de diagnostic, de prise en charge, de traitement, de prévention vaccinale, d’organisation et de coordination de la lutte.
L’épidémie a démarré par une phase d’émergence silencieuse sans identification des premiers cas et du virus, de décembre 2013 à février 2014, puis une première recrudescence épidémique est survenue à partir de mars 2014, où le virus est détecté, et l’alerte mondiale lancée jusqu’en juillet 2014. Après une phase d’accalmie relative, une deuxième recrudescence a été observée à partir d’août 2014 jusqu’en janvier 2015, centrée principalement sur la Guinée Forestière. Enfin, une dernière recrudescence a été détectée à partir de février 2015 centrée sur la Basse Guinée et la capitale Conakry. Les moyens de lutte mis en œuvre se sont adaptés à cette évolution.
Piloté par l’INSERM, le programme JIKI (« espoir » en langue malinké) a été conduit en Guinée en 2014-2016 dans le but d’évaluer les stratégies thérapeutiques face à l’épidémie. Un 1er essai a été réalisé dans le foyer épidémique initial de Guinée forestière en 2014-2015 dans le but d’évaluer la place d’un antiviral, le favipiravir. Les résultats de cet essai pionnier ont démontré la faisabilité d’un essai thérapeutique au cours d’une épidémie non contrôlée et ont permis d’identifier les critères adaptés à l’évaluation des signaux d’activité d’un antiviral expérimental au cours d’une infection émergente, létale et à propension épidémique. Cette expérience a permis d’établir les pré requis de terrain à la mise en place de l’essai JIKI-Mapp, conduit en Guinée côtière en 2015, et qui représentait le bras Guinéen d’un essai contrôlé randomisé multi-pays évaluant l’activité de la combinaison d’anticorps monoclonaux ZMapp.
Dr Muriel Macé
