Bis repetita

La journaliste guinéenne Mariama Kouta Diallo

Paris, le samedi 16 janvier 2016 – Journaliste pour la radio nationale guinéenne, Mariama Kouta Diallo était âgée de 36 ans. Le 8 janvier, elle mourrait dans une clinique privée à Bambéto (dans la banlieue de Conakry) à la suite d’une intervention chirurgicale. Alors qu’une erreur médicale est suspectée, le médecin ayant pris en charge la jeune femme a été très vite arrêté et l’établissement suspendu. Des vérifications ont en effet révélé que la clinique ne disposait pas de l’agrément officiel du ministère de la Santé et des manquements importants ont été mis en évidence.

Des arrestations massives sans aucune conséquence

Cette clinique est loin d’être la seule dans cette situation. Depuis des années, la Guinée tente de combattre le fléau des établissements de santé non homologués, où règnent souvent des conditions d’hygiène déplorables et où exercent parfois de faux médecins et professionnels de santé. En 2011, le Secrétaire à la Présidence chargé de la lutte antidrogue et du crime organisé, le colonel Moussa Tiegboro Camara dressait un constat alarmant, mettant en évidence l’ampleur de la corruption dans la délivrance des agréments. Parallèlement au ministère de la Santé d'autres ministères, de l’Administration du territoire, de la Sécurité voire de la Pêche, affirmaient en effet pouvoir délivrer les habilitations. Beaucoup en ont ainsi été accordées à des établissements impropres à accueillir des patients en toute sécurité. Face à cette situation, une opération de nettoyage avait été entreprise en 2011 : 312 établissements de santé avaient été fermées et plusieurs faux médecins traduits devant les tribunaux. Cependant, quelques mois plus tard, l’absence totale de suivi et l’impunité conduisaient les mêmes prétendus praticiens dans les mêmes établissements qui rouvraient sans aucune difficulté. Ces cliniques ont donc continué à accueillir des milliers de Guinéens, attirés par des tarifs plus avantageux que ceux pratiqués dans les établissements dument agréés. Cependant, les complications n’y sont pas rares et nombre de patients doivent être transférés dans des établissements habilités, quand les drames ne surgissent pas. Ces dernières années ont ainsi été émaillées par la révélation de décès dans des conditions troubles dans plusieurs petites cliniques du pays.

Une nouvelle volonté politique ?

Aujourd’hui, Moussa Tiegboro Camara veut croire que la situation a évolué et que la volonté politique est plus marquée. « Désormais, on peut s’attaquer à des dossiers de ce genre et aboutir à des poursuites judiciaires crédibles » a-t-il affirmé à la presse guinéenne, alors qu’une nouvelle réunion doit avoir lieu la semaine prochaine afin d’organiser une opération de fermetures en masse des établissements suspects. Une affaire qui n’est qu’une des nombreuses illustrations de la corruption qui ronge les systèmes de santé africains.

Aurélie Haroche

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