Les parents craignent souvent que l’appétit de leur enfant ne se trouve augmenté par l’exercice physique. Des arguments scientifiques devraient bientôt les rassurer. En effet, stimulées par l’augmentation alarmante de l’obésité, les recherches ont fait évoluer largement le concept de balance énergétique au cours des dernières années. L’un des versants de cette balance énergétique, l’activité physique, n’apparaît plus seulement comme un moyen d’augmenter la dépense énergétique et lui laisser cette seule fonction serait aujourd’hui réducteur. L’activité physique semble en réalité avoir un effet indirect plus important sur la consommation énergétique que sur la dépense.
Plusieurs travaux viennent à l’appui de cette hypothèse. C’est en 2004 qu’ont été réalisées chez les enfants et adolescents les premières mesures de la prise alimentaire en réponse à un exercice physique. Les protocoles et les méthodes utilisés, très hétérogènes, aboutirent toutefois à des résultats contradictoires. C’est pourquoi les travaux très rigoureux d’une équipe française apparaissent comme les bienvenus.
Ces expérimentations ont permis de montrer qu’un exercice intermittent sur bicyclette ergométrique, à haute intensité (> 70 % VO2 max), a un effet anorexigène chez de jeunes patients obèses, indépendamment du sexe. Les mêmes auteurs ont aussi démontré qu’un exercice intense en fin de matinée a un effet anorexigène, non pas sur le repas qui suit, mais sur celui du soir. Les auteurs émettent l’hypothèse d’un effet de l’exercice physique sur les hormones impliquées dans le contrôle de la prise alimentaire, effet retardé de quelques heures. Précisant encore leurs données, ils montrent que l’intensité de l’exercice joue un rôle important dans la réponse nutritionnelle à l’activité physique chez l’adolescent obèse : si une réduction de la prise alimentaire suit en effet un exercice intense (> 70 % VO2 max), ce n’est pas le cas après un exercice de faible intensité (40 % VO2 max), sauf peut-être à long terme. Une autre composante importante dans cette relation est le statut pondéral de l’adolescent ; les adolescents minces n’en bénéficiant pas.
Les mécanismes en cause pourrait faire intervenir les hormones gastro-intestinales (PYY, CCK, GLP-1, etc.), leur réponse à l’exercice physique et leur dialogue avec l’hypothalamus. A long terme, il faut sans doute regarder du côté des effets de l’activité physique sur la composition corporelle et la nature des stocks énergétiques. Si l’on en est encore au stade des hypothèses, de nombreuses pistes sont explorées dans le domaine des réponses neuronales, hormonales, centrales, énergétiques et comportementales à l’exercice physique.
Dr Roseline Péluchon