BPCO, susceptibilité féminine plus importante à la maladie

Cette étude observationnelle d’une durée de 4 ans ayant inclus 835 patients (80,4 % d’hommes et 19,6 % de femmes) âgés de plus de 40 ans fumeurs ou ex-fumeurs en état stable, a pour objectif de savoir s’il existe des différences entre les hommes et les femmes atteints de bronchopneumopathie chronique obstructive (BPCO) de stade II ou III (critères de la Société de Pneumologie de Langue Française).

Les résultats montrent que les femmes sont atteintes plus tôt que les hommes et qu’elles fument davantage. Les femmes étaient en effet âgées de 63,6 ± 10 ans et les hommes de 66,9 ± 9,3 ans, 34,8 % d’entre elles étaient des fumeuses actives contre 22,2 % de fumeurs actifs. Les femmes paraissent par ailleurs plus sujettes à la BPCO probablement en raison de caractères génétiques prédisposants puisque 30,5 % d’entre elles ont des membres de la famille atteints de BPCO alors que cet antécédent familial n’est observé que chez 21 % des hommes ; cette différence étant significative (p<0,03).

Certaines comorbidités sont significativement plus fréquentes chez les femmes que chez les hommes : hypertension artérielle pulmonaire (7,9 % versus 4,4 % ; p <0,01), dépression (19,8 % vs 10,4 % ; p < 0,001). En revanche, d’autres comorbidités sont plus fréquentes chez les hommes : alcoolisme, cardiopathie ischémique et apnée du sommeil.

Alors que les femmes sont plus jeunes, le diagnostic de BPCO a été posé depuis significativement plus longtemps pour les hommes 9±7,2 ans contre 7,4±6,7 ans pour les femmes (p<0,01). Une expectoration quotidienne est également significativement plus souvent présente chez les hommes 60,1 % que chez les femmes 48,8 % (p<0,01) avec nécessité d’une toilette matinale également plus fréquente chez les hommes 48,9 % contre 36,2 % pour les femmes (p<0,003).  Ces chiffres ne sont pas étonnants, les symptômes classiques de la BPCO sont en effet culturellement tus par les femmes. Les femmes ne signalant généralement que leur essoufflement. Le stade de sévérité de la BPCO, le score de Borg (score évaluant la sévérité gêne de la dyspnée perçue par le patient), la qualité de vie, le nombre d’exacerbations et leur sévérité sont identiques pour les deux sexes.

Ces résultats sont en accord avec d’autres études qui montrent que les femmes développent une BPCO plus sévère que les hommes, pour un niveau de tabagisme plus faible. Finalement les femmes sont plus sensibles aux méfaits du tabac que les hommes.

Dr Emmanuel Cuzin

Référence
Tillie-Leblond I et coll. : Etude Exaco : caractéristiques de la BPCO selon le sexe. 14ème congrès de pneumologie de langue française (Marseille) : 29 janvier au 1er février 2010.

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