Bronchectasie : oui, mais pourquoi ?

Si l’amélioration des programmes de vaccination, de contrôle de la tuberculose, des traitements antibiotiques paraissent avoir contribué à la réduction de l’incidence de la bronchectasie, dilatation irréversible des bronches, associée à des infections fréquentes et une destruction bronchique et péribronchique, cette maladie figure cependant parmi les causes les plus fréquentes de morbidité dans les pays en développement. Préoccupante, de pathogénie mal connue, à déclenchement souvent infectieux, ou liée à une susceptibilité accrue à l’infection, par immunodéficience ou anomalies anatomiques, la bronchectasie a fait l’objet d’une communication du Dr B. Karadag, d’Istanbul, au 8e congrès international de pneumologie pédiatrique.

Suspecter et confirmer le diagnostic chez l’enfant

Si la définition clinique reste imprécise, l’extension et la gravité variables, grevées d’une morbidité respiratoire de légère à très grave (menaçant le pronostic vital), a souligné le Dr Karadag, l’essentiel est de suspecter la bronchectasie, de la confirmer, de préciser la distribution des voies aériennes impliquées et la gravité de l’atteinte, et d’identifier une cause curable, une anomalie familiale.

La suspicion de bronchectasie s’impose chez tout enfant ayant une infection respiratoire récidivante, prolongée, une toux durable, une dyspnée d’effort, une croissance insuffisante, une déformation thoracique…

Cette suspicion appelle des examens complémentaires, l’algorithme diagnostique de base comprenant l’examen bactériologique des sécrétions, l’examen radiologique, un test à la sueur, un bilan immunologique.  Le Dr B. Karadag a mis l’accent sur les cultures d’expectoration, par aspiration si besoin, et sur la difficulté d’interprétation des résultats, les germes le plus souvent retrouvés étant H. influenzae et S. pneumococcus, qui peuvent aussi être commensaux, la bronchoscopie pouvant aider à la distinction.

La radiographie thoracique manquant de sensibilité et pouvant être normale, même en présence d’altérations bronchectasiques significatives au scanner, c’est la tomodensitomérie en haute résolution qui est recommandée, par l’auteur de cette communication, à des fins diagnostiques, de recherche étiologique, d’évaluation de l’extension et de la gravité.

La recherche indispensable d’une étiologie

Selon B. Karadag, la recherche d’une cause sous-jacente s’impose chez tout enfant ayant une bronchectasie, et pourrait être identifiée chez 46 à 82 % des patients : infections respiratoires récidivantes, immunodéficience, mucoviscidose, inhalation, corps étranger, asthme, tuberculose, et dyskinésie ciliaire primitive, comptant parmi les situations à risque le plus fréquemment retrouvées. Les altérations pulmonaires après pneumonie, coqueluche, rougeole ou tuberculose, sont plus souvent en cause dans les pays en développement, tandis que dans les pays industrialisés, la bronchectasie post-infectieuse est devenue rare chez l’hôte normal, la  plupart des sujets atteints ayant une maladie systémique sous-jacente.

Cette communication met l’accent sur la recherche d’une atteinte causale, notamment chez l’enfant, permettant une prise en charge de la bronchectasie, afin d’en changer le cours naturel.

Dr Julie Perrot

Références
Karadag B : Non-cystic fibrosis bronchiectasy. 8e Congrès international de pneumologie pédiatrique (Nice) : 29-31 mars 2008.

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