Huit accidents vasculaires cérébraux (AVC) sur 10 sont d’origine ischémique. La responsabilité d’une fibrillation auriculaire (FA) est alors certaine 1 fois sur 4, le plus souvent dans les cas les plus graves et nécessitant les plus longues durées d’hospitalisation. Mais pour 20 % de ces patients, la FA n’est diagnostiquée qu’au moment de l’AVC. Il existe donc une « marge de manœuvre » intéressante pour améliorer la prévention des AVC telle qu’elle est préconisée dans le plan national d’actions AVC 2010-2014 : dépister la FA avant la survenue de l’AVC.
C’est l’objectif de la campagne PROFIL-FA réalisée en 2013 avec le concours du laboratoire Boehringer Ingelheim, et dont les résultats ont été présentés par le Pr Jean-Marc DAVY, du CHU de Montpellier, au cours du dernier Congrès de l’ESC. Au total 603 médecins généralistes ont été mobilisés dans 16 villes françaises avec pour objectif de dépister des FA méconnues. Il leur était demandé de prendre systématiquement le pouls de tous leurs patients âgés de plus de 65 ans et de remplir un questionnaire recherchant des symptômes transitoires qui pourraient être liés à une FA : accès de palpitations, épisodes de faiblesse, douleurs thoraciques inexpliquées, dyspnée d’effort ou de repos. Les facteurs de risques d’AVC étaient évalués par le score CHADS-vaSC.
Les médecins généralistes ont interrogé et pris le pouls de 4 592 patients. Parmi eux, 840 présentaient une FA déjà connue (18,3 %). Pour les autres, le médecin généraliste estimait le recours au cardiologue justifié pour 585 patients, dont le pouls était irrégulier et/ou dont l’interrogatoire laissaient suspecter une FA. Le trouble du rythme sera confirmé pour 129 d’entre eux, soit près de 1 patient sur 4. Notons que parmi ces derniers, 15 % avaient déjà un antécédent d’AVC.
Selon les recommandations de l’ESC 2012, un pouls irrégulier chez un patient de plus de 65 ans doit faire immédiatement suspecter une FA. Dans cette étude, un pouls irrégulier a conduit au diagnostic dans 1 cas sur 2 (Valeur Prédictive Positive de 55 %). Pour les patients dont le pouls était régulier, la présence de 2 symptômes, et notamment des palpitations ou des lipothymies, sont des facteurs prédictifs fiables de FA (VPP de 33,8 %). Un antécédent d’accident vasculaire cérébral doit aussi alerter, mais dans cette étude, il n’atteint pas de signification statistique.
La FA touche 750 000 personnes en France et parmi les sujets de plus de 40 ans, 1 sur 4 développera une FA. La prévalence augmente entre 40 et 80 ans, de 6,5 % après 65 ans, elle passe à 15 % après 80 ans. Selon le Pr Davy, la prévalence augmente pour une raison encore inconnue, à tel point que l’on parle de « tendance épidémique » de la FA. Le plus fréquent des troubles du rythme cardiaque, la FA multiplie par 5 le risque d’AVC.
Dr Roseline Péluchon