Cancer du pancréas, focus sur la qualité de vie

L'ajout du nab-paclitaxel à la gemcitabine permet d'améliorer significativement la survie globale, la survie sans progression et les taux de réponse par rapport à la gemcitabine chez les sujets ayant un adénocarcinome canalaire pancréatique au stade métastatique, mais ces bénéfices s'obtiennent-ils en contrepartie d'une détérioration de la qualité de vie ?

Dans le cadre de QOLINPAC, étude académique belge multicentrique (17 hôpitaux du groupe belge d'oncologie digestive) de phase II, 146 patients consentants ayant un adénocarcinome canalaire pancréatique localement avancé (n=21) ou métastatique (n=125) ont été alloués par une randomisation 1:1 à un bras gemcitabine seule 1000mg/m2 (n=74) ou à un bras gemcitabine même dose + nab-paclitaxel 125mg/m2 (n=75), les traitements étant administrés selon les critères habituels. Les patients qui progressant sous monothérapie pouvaient passer au traitement combiné et ce fut le cas pour 37 patients.

La qualité de vie des patients a été appréciée mensuellement via le questionnaire EORTC QLQ-C30 version 3.0.

Le taux de sujets avec un état de santé global non détérioré à trois mois était le critère principal d'évaluation, une détérioration étant considérée comme cliniquement significative dès lors qu'il y avait chute de 10 points par rapport au score de départ sans aucune amélioration ultérieure.

Les principaux critères secondaires étaient la tolérance, les taux de réponse, la survie sans progression, et la survie globale.

La médiane de durée de traitement était de 5 mois (extrêmes 0-28), avec 10 patients sous traitement plus de 18 mois.

Versant tolérance, au total 183 effets indésirables graves ont été rapportés chez 98 patients, 51% dans le bras traitement combiné, 37% dans le bras monothérapie et 12% chez les patients monothérapie àtraitement combiné.

Six décès sont survenus dont un possiblement en rapport avec la gemcitabine (septicémie). Les toxicités les plus fréquentes étaient les troubles gastro-intestinaux et les infections. Cinq cas de syndrome hémolytique et urémique en rapport avec la gemcitabine ont été documentés.

Globalement les investigateurs disposaient de 1465 questionnaires de qualité de vie avec 85% des patients ayant répondu à au moins trois questionnaires.

L'analyse révèle un taux de non-détérioration de 83% (60 patients/72) à trois mois dans le bras traitement combiné, de 60% (28 patients/47) dans le bras monothérapie et de 96% chez les patients monothérapie à traitement combiné (26 patients/27)).

Les médianes de délai avant détérioration définitive étaient respectivement de 12,8 - 8,9 et 12,3 mois.

Cette analyse documente par ailleurs globalement une médiane de survie assez longue (de 10 à 14 mois), des taux de réponse tumorale significativement plus élevés dans le bras traitement combiné et des scores de qualité de vie meilleurs et plus durables chez les patients recevant la combinaison nab-paclitaxel + gemcitabine que chez les patients sous monothérapie par gemcitabine.

Dr Jean-Claude Lemaire

Références
D’après la communication orale de Chiritescu G. World Congress On Gastrointestinal Cancer (Barcelone) : 20 – 23 juin 2018.

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