
Environ 20 % de cas attribuables au cannabis
Il y aurait deux fois moins d’entrées dans la psychose à Amsterdam sans cannabis concentré
Quels messages retenir ?
Dr Alexandre Haroche
Dr Alexandre Haroche
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Donc en France, cela représenterait à la louche 650.000 personnes...
Et, cette prévalence n'étant pas significativement bousculée par les énormes consommations de THC depuis 30 ans (très concentré ou pas), je rappelle deux faits bien génétiquement établis :
- lorsque l'un des deux parents est concerné par la maladie, le risque pour l'enfant approche 10%
- lorsque les deux parents le sont, le risque pour leur enfant atteint alors les 50%.
Euh..., que rajouter donc ?
Dr Fréderic Lascoutounax
Vous écrivez : " ces résultats étaient ajustés sur l'âge, le genre, l'origine ethnique ...
Le "genre" ? et non pas "le sexe" ?
Comment une revue scientifique comme la votre peut elle se laisser "contaminée" par ce "genre" de "théorie" constamment démentie par les plus récentes recherches en neuro-sciences ?
Dr D. Carreau
Et si c’était de l’automédication la prise de THC ? Pour tenter inconsciemment de contrôler la maladie sous-jacente qui émergera à un moment où un autre ?
Dr Philippe Bargain
Effectivement, tout comme l'alcool ou le tabac, il pourrait bien là ne s'agir que d'un "marqueur".
(" Cum hoc ergo propter hoc...").
Dr Frédéric Lascoutounax
Vous supposez que la consommation de THC pourrait correspondre à un marqueur de risque de schizophrénie davantage qu'un facteur de risque. Il existe une association statistique bien établie entre la consommation de THC et la survenue des premiers épisodes psychotiques. Il reste à déterminer si cette association statistique correspond à un lien de causalité ou non.
Plusieurs arguments sont en faveur du lien de causalité, des arguments pré-cliniques, biologiques, la chronologie (la consommation de cannabis précédant la survenue des épisodes) ainsi que l'existence d'un effet-dose. Tous ces arguments sont intéressants mais ils ne permettent pas de trancher définitivement. Le seul moyen de conclure à un lien de causalité serait une étude interventionnelle, qui serait bien entendu impensable sur le plan éthique. Un autre argument indirect serait de mesurer l'effet sur la survenue des psychoses d'une diminution de la consommation de cannabis à l'échelle de la population.
Qu'est-ce qui serait le plus délétère pour les patients ? Conclure à tord à une simple association statistique, et considérer le THC sans danger ? Ou être trop prudent et considérer comme dangereux une substance qui ne le serait pas ? Je pense que le choix est simple, et qu'il faut considérer aujourd'hui le cannabis comme un facteur de risque majeur de premiers épisodes psychotiques. C'est un point crucial de la prévention des troubles psychiatriques chroniques.
Enfin, la question de l'évolution de la prévalence de la schizophrénie est très intéressante. Elle semble rester stable malgré l'augmentation de la consommation de cannabis. On pourrait également considérer que la prévalence de la schizophrénie reste stable et cela en dépit d'une meilleure prise en charge d'autres facteurs de risque (comme par exemple les complications obstétricales), et également en dépit de l'amélioration de la prise en charge et de la prévention. L'augmentation de la consommation de cannabis pourrait être une explication. Cela reste, bien entendu, très hypothétique.
Dr Alexandre Haroche
En effet, je semble prétendre à cette hypothèse, tout comme on le sait déjà bien :
les anti-dépresseurs peuvent révéler un accès maniaque voire un accès maniaque délirant, chez des personnes atteintes de trouble bipolaire et pourtant ils ne sont pas causalité du trouble bipolaire, donc bien marqueurs du trouble en l'occurrence...
Et comment vous faire entendre qu'il y a là dans le trouble bipolaire, une très nette problématique héritée, tout comme dans les schizophrénies ? Documentez un peu plus vos observations sur de tels sujets trop sérieux : le spectre génétique en ces domaines est largement documenté.
Par ailleurs, ce n'est pas parce que les anti-dépresseurs peuvent révéler une problématique bipolaire qu'ils en seraient causalité et donc, qu'il conviendrait de les faire disparaître de la pharmacopée, quand on sait le peu de résultats que nous obtenons par ailleurs dans la problématique dépressive caractérisée, sans le secours de ces derniers...
Enfin, merci d'apprécier ce dernier aspect au bénéfice de mon propos :
https://www.vidal.fr/actualites/18759/commercialisation_bloquee_de_sativex_les_patients_experts_sep_interpellent_marisol_touraine/
Dr Frédéric Lascoutounax
On sait depuis J. -J. Moreau (de Tours) et son livre datant de 1853 "Du haschish et de l'aliénation mentale", les relations entre cannabis et schizophrénie; puis on a su l'effet du rajeunissement des premiers usages, avec Tennant et Grosbeck (jeunes militaires américains séjournant en Europe après la deuxième guerre mondiale; puis l'étude séminale de Sven Andreasson en Suède, portant sur les 50.000 conscrits Suédois de 1971 (publiée dans Lancet en 1983, après un suivi de 10 années de l'évolution de la santé mentale de ceux ayant consommé du cannabis avant la conscription), elle montrait que la consommation de cannabis avait multiplié pas 6 le risque de devenir schizophrène); étude confirmée par Stanley Zammit, qui concluait qu'une cité sans cannabis comporterait 15% de schizophrènes en moins. Puis ce fut l'étude de Marie Louise Arsenault (Nouvelle Zélande) montrant que sur 1000 gamins ayant commencé à consommer du cannabis entre 12 et 15 ans, 10% d'entre eux étaient schizophrènes dès l'âge de 18 ans; les études de Van Os, de Mac Murray etc...Cet ensemble très cohérent fait que la responsabilité du THC (du cannabis) dans près de 15-20 % des schizophrénies est irréfragable.
Pourtant... ça dérange certains qui ressortent invariablement l'argument; mais comme la consommation s'accroit pourquoi la fréquence de l'affection ne s'accroit pas ?
Mais qu'est-ce qui leur permet de dire qu'elle ne s'accroit pas, quand on en attend 650.000 victimes en France et que ne sont connus, diagnostiqués et suivis que moins de 300.000 d'entre eux. Ce n'est pas parce que cette relation cannabis-schizophrénie vous dérange, cher confrère, qu'elle est fausse. Ce n'est pas parce que votre séméiologie ne s'attarde pas aux relations entre "originaux" / " marginaux" de la rue, avec la schizophrénie; que le chiffre stable que vous voulez constater l'est réellement.
Enfin je vous invite à vous intéresser aux modèles expérimentaux (de M. Koch et de M. Schneider, Brême, en Allemagne) mimant chez l'animal l'induction d'un équivalent de la schizophrénie, ainsi que de vous pencher sur les rôles des endocannabinoïdes, qui sont pervertis par le THC, dans le processus de maturation cérébrale, (dans la balance prolifération=sprouting et élagage=pruning, qui caractérise cette maturation entre 12 et 22 ans) pour ne plus vous contenter d'un argument aussi léger que celui auquel vous et quelques autres s'accrochent désespérément depuis presque une vingtaine d'années.
Ne serait-ce qu'en considération du principe de précaution, faites vous préventeur et non point incitateur; il vaudrait mieux avoir péché par excès que par défaut de précaution, s'agissant d'une affection aussi grave que la schizophrénie
Pr. Jean Costentin
Neurobiologiste, Pharmacologue
Président du centre national de prévention, d'études et de recherches sur les toxicomanies (CNPERT)
Un grand merci pour vos conseils qui certes, nous feront bien avancer...
Le recours au casque chez les usagers à risque de TC (des 2 roues par exemple) n'en fait pas pour autant un facteur de risque mais bien évidemment, un acteur de prévention. Quand bien même chacun sait qu'il ne faut en aucun cas retirer le casque d'un TC au décours d'un choc crânien.
Sans vouloir prétendre par-là que le THC pourrait avoir valeur préventive mais, accordez-le tout de même, au moins valeur de simple marqueur ("Cum hoc ergo propter hoc..."), je vous laisserais imaginer une minute, le monde de la Rue par exemple puisque vous faites cette référence, sans cette substance mais bien toujours abreuvée d'alcool (bien pire certes et merci à vous de bien vouloir le surligner SVP)...
Prenez alors référence aux drogues de substitution dans le cadre des dépendances à l'héroïne : dire que "c'est pas bien !" ne ferait pas plus avancer les choses et vous le savez bien. Puisque l'héroïne génère factuellement de "douloureux états de manque". Et la réponse consistant à dire "Ils n'avaient qu'à pas !", ne suffit pas plus on l'a bien saisi.
Prenez enfin et pour le répéter une fois de plus, référence aux anti-dépresseurs, destinés éventuellement à lutter contre les 11.000 décès par suicide en France (800.000 de par le monde), le fait qu'ils génèrent en effet des état maniaques, voire des états maniaques délirants chez les bipolaires (avérés ou non jusque-là), n'en fait pour autant pas des substances à interdire ; juste elles inspirent la prudence !
Enfin pour finir, je rappelle que SATIVEX est devenu légal et médicalement reconnu.
Et pas que dans notre Pays...
Auriez-vous autre remarque ou suggestion ?
Dr Frédéric Lascoutounax
Les parents minimisent l'effet du THC récréatif chez leurs enfants car souvent ils ont fumés eux memes sans conséquences...puis arrive les premiers troubles du comportement et la consultation chez le psychiatre. Qui la minimise aussi...puis le suicide lors d'une crise psychotique et il est trop tard. Le manque de statistiques et de campagne de préventions créent des ravages invisibles...qui affectent tout l'entourage... cette jeunesse pourra accuser ces aînés de non asistance à personne en danger...
Mylène Botbol Baum
Les "marqueurs d'anxiété", comme les comportements addictifs, les comportements incongrus (scarifications, fugues, refus alimentaires, surinvestissements ésotériques...) doivent attirer l'attention de tous sur un niveau d'anxiété probablement excessif avec recherche de réassurance mais, ils ne doivent pas enfermer l'enfant, l'adolescent ou le jeune adulte dans de douteuses certitudes ou des probabilités diagnostiques stigmatisantes.
Aussi, toutes les hypothèses doivent rester envisageables, surtout celle du risque suicidaire quel qu'en soit le support déterminant, puisque soumis au risque d'irréversibilité (10% des TS).
Et, ne pas soulever la question d'une profonde anxiété au moins (parfois déstructurante), en face de tels "marqueurs", serait une redoutable banalisation.
Dr Frédéric Lascoutounax
Que les THC aient des effets importants sur le psychisme des gros consommateurs est indéniable. De là à parler de schizophrénie est pour le moins hasardeux. Cette maladie est mise à toutes les sauces aussi bien sur ses symptômes que sur son traitement.
Il se trouve que le service de psychiatrie de l'Université de Liège a participé pendant des années à la mise au point des traitements de la maniaco-dépression et de la schizophrénie. Il serait bon que tous ceux qui parlent de schizophrénie se recyclent auprès du service psychiatrie de l'Université de Liège. Ce qu'on peut lire en France sur le sujet est aberrant !
Dr Guy Roche, ancien interniste