
Beaucoup de dermatoses qui comportent des lésions
urticariennes, des lésions de grattage, des plaques eczématiformes
sont prises pour des allergies. Et, remarque de Dr Giordano
Labadie, auteure de cette communication, quand on a tout essayé
pour contrôler une éruption… on envoie chez le dermato
allergologue.
Classiques ou moins classiques, voici quelques-uns de ces
diagnostics différentiels.
Des bulles tendues en peau urticarienne ou eczémateuse
atteignant préférentiellement les racines des membres, accompagnées
de démangeaisons chez un patients de plus de 70 ans, cela doit
faire songer, plus qu’à une allergie, à une pemphigoïde bulleuse.
L’éruption urticarienne est fixe, et la biopsie montre une bulle
sous épidermique.
Certes la présentation peut être encore plus trompeuse, par
exemple une atteinte limitée aux pieds qui peut faire suspecter une
réaction aux composants des chaussures, un prurigo chronique qui
peut en imposer pour divers diagnostics comme une toxidermie, une
gale, avant que les bulles n’apparaissent. Il faut avoir la biopsie
facile… avec une immunofluorescence directe.
Devant un eczéma chronique des mains qui résiste, il ne faut
pas méconnaître la possibilité d’une dermatophytose. Devant un
eczéma chronique des paupières quand tous les tests sont négatifs,
à la batterie standard comme avec les produits utilisés par la
patiente, on pourra évoquer une dermatomyosite. L’érythème est
alors davantage violacé du fait de sa nature vasomotrice.
L’existence d’un signe de la manucure, de papules de Gottron, d’un
érythème en bandes sur les mains peut aider au diagnostic.
Dernier exemple, celui d’une érythrodermie eczématiforme
prurigineuse respectant le visage et le ventre, persistant depuis 3
mois chez une patiente de 83 ans, ayant un terrain atopique et
ayant arrêté son seul traitement par amlodipine depuis quelques
semaines. L’érythrodermie rendait tout test impossible. Mais il n’y
en avait guère besoin car l’examen des mains au dermatoscope
révélait des sillons scabieux tout à fait caractéristiques. C’était
donc une gale.
On le voit tout n’est pas qu’allergie. Un bon interrogatoire,
un examen clinique minutieux et un bon sens logique doivent
permettre de ne pas s’égarer dans les mauvais chemins.
Dr Marie-Line Barbet