Un homme de 87 ans consulte pour un fléchissement de son état général et une toux sèche apparus depuis deux mois. Il n'existe aucun antécédent particulier. L'examen clinique est pauvre, en dehors de râles bronchiques de l'apex droit et d'une dyspnée de repos modérée.
La radiographie pulmonaire montre un aspect infiltratif du lobe supérieur droit et un épaississement de la plèvre pariétale en regard. Le scanner confirme la pachipleurite, objective un remaniement emphysémato-bulleux de l'apex, mais également de la base droite.
La vitesse de sédimentation est à 40, le fibrinogène à 5 g/l ; le reste du bilan biologique est normal. Les EFR objectivent un syndrome restrictif avec une capacité pulmonaire totale à 45 % de la normale. Lors de la fibroscopie, les bronches apparaissent inflammatoires sans processus prolifératif, le lavage éliminant toute surinfection bactérienne ou fungique. Les biopsies transbronchiques montrent un parenchyme pulmonaire remanié par une fibrose mutilante. Au cinquième jour d'hospitalisation, le malade présente des manifestations inflammatoires des mains et des poignets: arthralgies sans vraie synovite. «Ah! ces vieilles maudites douleurs !» fait-il devant un interne sidéré qui réclame des explications.
«Oh oui, ces vieilles douleurs !» renchérit la femme du malade après avoir apporté une pleine valise de radiographies et de rapports médicaux datant de l'entre-deux-guerres et qui éclairent d'un jour nouveau le «rhumatisse» du malade. Toute l'affaire avait débuté en 1928 (à 18 ans) par des douleurs lombaires basses nocturnes puis des douleurs enthésopathiques.....
Le diagnostic de pelvispondylite rhumatismale avait été posé en 1935 et le patient avait bénéficié de cures de sels d'or à Aix-les- Bains. Les douleurs avaient finalement disparu au retour de déportation, et depuis 50 ans, le «rhumatisse» du malade se limitait à ces poussées inflammatoires périphériques intermittentes.
Les radiographies témoignaient de la véracité des dires du patient et dans la précieuse valise existait aussi un cliché de 1989 montrant une atteinte pulmonaire toute débutante, laquelle rapprochée de la négativité du bilan actuel a permis un diagnostic précis.
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