Chimères

Paris, le samedi 14 mai 2016 – Les chimères sont souvent des danseuses. Quel autre art peut mieux symboliser cet insaisissable, cet inaccessible, cet inassouvissement  du désir. Les arabesques laissent à l’inachevé la possibilité de s’installer. Telle est l’impression qui saisira peut-être le spectateur ce 17 mai à l’Hôtel de Ville de Paris, qui présentera le Bal des chimères ». Il s’agit du spectacle inaugural du Festival du futur composé, qui tous les ans à la fin du printemps présente les créations d’artistes handicapés. Le bal des chimères est l’impossible synthèse du travail des différentes institutions spécialisées participant à ce projet : théâtre, musique, chorégraphie, art plastique composeront ce bal irréel avant que ne débutent différents spectacles (sur lesquels nous reviendrons) tout au long des mois de mai et juin.

Négatif

Autre art de la chimère, la photographie parvient tout autant à la créer qu’à les démasquer. L’exposition présentée au Musée d’Art Moderne de Paris, La boîte de Pandore nous entraîne dans un jeu de miroirs étonnant où se superposent différentes images : photographies du même sujet à des époques différentes, présentation du négatif d’un cliché en revers de ce dernier, mise en scène de véritables radiographies. Cette présentation de quelques images radiologiques témoigne notamment de la volonté de certains photographes d’exercer un œil scientifique et clinique sur leurs sujets. Pour traquer les illusions et les chimères.

Positif

Si l’art est si sensible à ces séduisantes et dangereuses idées, c’est qu’elles sont souvent les sillons de nos vies. Jeanne, héroïne du roman 89 mois poursuit le projet fou d’avoir un enfant. Mais seule. Le premier roman de Caroline Michel suit avec humour le parcours intime et médical de cette jeune femme qui semble attirée par ce que certains auraient jugé n’être qu’une inquiétante chimère il y a quelques décennies, mais qui se révèle aujourd’hui une aspiration de plus en plus partagée.

Négatif

Quand les chimères se sont tues, anéanties par le poids de la dépression, quand elles ne sont même plus des angoisses ricaneuses, l’issue est la mort. C’est le choix de l’héroïne du second roman de Sophie Jomain Quand la nuit devient jour. La jeune femme développe un sujet très éloigné de son existence : le désir de Camille, atteinte depuis l’enfance d’une grave dépression, d’être euthanasiée. Inspirée d’un fait réel, le roman est une exploration de l’indicible, de ce point de non retour. Sous les traits chimériques de la littérature.

Spectacle :

Le Bal des chimères, Hôtel de Ville de Paris, mardi 17 mai, 18h, Place de l’Hôtel de ville, 75004 Paris

Exposition :

La Boîte de Pandore, Musée d’Art Moderne, jusqu’au 17 juillet, 11 Avenue du Président Wilson, 75116 Paris

Romans :

89 mois, Caroline Michel, Préludes, 288 pages, 14,90 euros

Quand la nuit devient jour, de Sophie Jomain, Pygmalion,  224 pages, 16 euros

Aurélie Haroche

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