Les conditions classiques d'utilisation de l'insuline basale ont-elles été modifiées par l'arrivée sur le marché de l'insuline glargine 300 (Toujeo®) et du biosimilaire de l'insuline glargine 100 (Abasaglar®) ? Réponses.
Poser cette question conduit à envisager une éventuelle supériorité de l'insuline glargine 300 sur l'insuline glargine 100 (Lantus®) et à vérifier la parfaite similitude sur tous les plans entre l'insuline glargine 100 et son biosimilaire. En effet, même si dans les recommandations l'insuline NPH reste un choix de première ligne, il n'est plus guère adopté par les prescripteurs. Quant à l'insuline détémir (Lévémir®), elle est semble moins intéressante que l'insuline glargine.
Pleins feux sur Glargine 300
Même si l'idée initiale était d'en faire l'insuline de référence, les données disponibles ne permettent pas d'y souscrire. Globalement, les essais réalisés ne montrent pas de supériorité, notamment en termes de risque d'hypoglycémie. Ce qui explique que l'insuline glargine 100 reste l'insuline de référence comme l'a confirmé le NICE (National Institute for Health and Care Excellence) récemment.
La prescription d'insuline glargine 300 ne peut clairement se justifier que pour certains types particuliers de diabétiques de type 2, à savoir ceux qui sont déjà sous insuline basale + antidiabétiques oraux ou sous un régime basal bolus et ceux qui reçoivent de fortes doses d'insuline (> 40 unités). Dans ce cas, l'insuline glargine 300 offre l'avantage d'une diminution modeste, mais significative, des hypoglycémies nocturnes pour un même contrôle glycémique.
Chez le diabétique de type 1, la flexibilité des horaires d'injection est un avantage mis en avant, mais comme cela n'a pas été testé avec l'insuline glargine 100, cela reste du domaine de la spéculation.
Quid du Biosimilaire ?
Les études menées chez les diabétiques de type 1 et de type 2 et les données de la « vraie vie » démontrent la parfaite équivalence en termes d'efficacité, de tolérance et de sécurité d'emploi du biosimilaire.
Les avantages du biosimilaire sont en premier lieu le gain financier pour les deniers publics puisqu'une économie mensuelle de plus de 15 % est réalisée pour un diabétique recevant 40 unités (environ 36 euros versus 43 euros avec l'insuline glargine 100). Les pouvoirs publics ne sont, à juste titre, pas insensibles à cet argument économique puisque, depuis mai 2016, l'interchangeabilité est possible pour tous les patients (sous réserve qu'ils en soient informés, qu'ils soient suivis et surveillés cliniquement, ce qui est de toute façon le cas pour tous les diabétiques). De plus, des dispositifs incitatifs ont été mis en place pour que 20 % au moins des prescriptions d'insuline se fasse sous forme de biosimilaire.
Même si le poids des habitudes et la résistance au changement constituent parfois des obstacles, la confiance des médecins dans le savoir faire de Lilly (qui fabrique le biosimilaire sur les mêmes lignes de production que les autres insulines) et le sérieux des laboratoires qui le commercialisent (Lilly et Boehringer Ingelheim) font que le biosimilaire est bien accueilli et devrait contribuer de façon efficace aux 30 millions d'économies espérés en 2017 par l'Assurance maladie.
A titre indicatif, il y a en France chaque année quelque 100 000 diabétiques qui sont placés sous insuline et, globalement, il y a environ 500 000 diabétiques qui sont sous insuline, ce qui donne une idée du potentiel d'économies pouvant être réalisées…
Dr Jean-Claude Lemaire