Leurs glaces en témoignent, les Américains sont de grands dégustateurs de noix. A tel point qu'il est possible de se faire une idée de la quantité consommée et des effets sur les taux des lipides sanguins et les chiffres de pression artérielle.
C'est en tout cas ce que nous révèle une analyse publiée par une équipe californienne dans le New England Journal of Medicine.
Adventistes : moins de coronariens
Plusieurs études avaient déjà souligné les effets d'une alimentation comportant des arachides chez les animaux. Un essai prospectif épidémiologique mené au sein de la communauté d'adventistes californiens a également permis de mettre en évidence des relations entre le risque de coronaropathie et l'ingestion de certains aliments. Ainsi, la consommation de noix a déjà été associée à une réduction significative et indépendante du risque de nécrose myocardique et de décès par cardiopathie ischémique. Comparativement à ceux qui ne sont pas amateurs de noix, les sujets qui en mangent 1 à 4 fois par semaine ont un risque relatif d'infarctus myocardique de 78% ; chez ceux qui les dégustent 5 fois par semaine ou plus, ce risque relatif est de 49%.
Cet effet serait indépendant des autres facteurs de risque, y compris le mode alimentaire. Par ailleurs, la mortalité globale serait également réduite.
5 fois par semaine et plus
Pour cette nouvelle étude, 18 hommes en bonne santé ont été randomisés en deux groupes afin de suivre selon un ordre aléatoire deux régimes spécifiques d'une durée de quatre semaines chacun.
La composition du premier régime (dit de référence) a été conforme aux recommandations du National Cholesterol Education Program (niveau 1). Celle du second régime n'était caractérisé que par l'apport de 20% des calories sous forme de noix et de dérivés. Les proportions en graisses, protéines, hydrates de carbone et fibres ont été identiques.
Après régime de référence, les valeurs de cholestérol total, cholestérol-LDL et cholestérol-HDL ont respectivement été de 182 ± 23, 112 ± 16 et 47 ± 11 mg/dl. Après régime à base de noix, le taux de cholestérol total a été diminué de 22,4 mg/dl en moyenne. Ceux de LDL et HDL ont été réduits de 18,2 (p<0,001) et 2,3 mg/dl(p=0,01). Ces valeurs représentent des réductions respectives de 12,4 , 16,3 et 4,9 % du cholestérol total, du LDL et du HDL.
Le rapport de LDL sur HDL est également passé de 2,5±0,6 à 2,2±0,7 (p<0,001) sous régime enrichi en noix. Celui de cholestérol total sur HDL de 4±1 à 3,7±1 (p<0,001). Le taux de triglycérides a également été abaissé.
Aucune différence significative des chiffres de pression artérielle n'a été observée.
A vos gaules !
Ainsi, les acides gras contenus dans les noix sont susceptibles d'abaisser les taux du cholestérol sanguin. Les graisses représentent 81% de l'apport calorique des noix soit environ 58% de leur poids. Le rapport des graisses poly-insaturées sur les graisses saturées est de 7,1 soit un des plus élévé de ceux retrouvés au sein des aliments naturels. Douze pour cent des graisses contenues dans les noix sont des acides n-3 linoléniques dont on connaît les effets sur le cholestérol. Le faible rapport de lysine sur arginine, caractéristique des noix, pourrait aussi participer à cette action.
Enfin, les noix pourraient avoir des effets sur la fonction plaquettaire, le métabolisme des prostaglandines et l'oxydation, mais jusqu'à présent aucune preuve directe n'a été mise en évidence.
Sabaté J. et coll. : "Effects of walnuts on serum lipid levels and blood pressure in normal men". N. Engl. J. Med., 1993 ; 328 : 603-607.
Tirés à part : Dr. Sabaté. Loma Linda University, Nichol Hall, Rm. 2016. Loma Linda, CA 92350, Etats-Unis.
Joëlle Chahbenderian