Circoncision pédiatrique : avec circonspection

En introduction du forum d’urologie pédiatrique « La circoncision et ses problèmes », les intervenants ont insisté sur deux problématiques importantes concernant la circoncision.

La circoncision rituelle

Les demandes de circoncisions « rituelles » non médicalement justifiées posent de nombreuses questions que ce soit concernant le consentement de l’enfant ou la non prise en charge de cette catégorie de circoncisions par l’Assurance maladie. Ce non remboursement augmente en effet  le risque de développement « d’officines de circoncision » hors cadre médical, qui peuvent être à l’origine d’accidents graves.

Phimosis : de la physiologie à la pathologie

Autre question nécessitant un consensus : les définitions du phimosis physiologique et du phimosis pathologique. Les recommandations des sociétés françaises sur ce sujet sont inexistantes et manquent cruellement. Bernard Boillot (Grenoble) a insisté sur le fait que nos connaissances médicales et scientifiques actuelles permettent désormais d’affirmer et d’enseigner que le phimosis est un processus normal non pathologique qui, dans l’immense majorité des cas (surtout si on ne s’en occupe pas), va disparaître spontanément. « Un phimosis n’est pas anomal à l’âge de 3-4 ans. Au contraire, la norme pour un garçon de 3 ans, c’est d’avoir un phimosis et des adhérences ». Reste que, pour mieux porter ce discours, notamment auprès des familles, il faudrait des guidelines …

Les recommandations canadiennes

Des guidelines sur la circoncision, il en existe de très récentes publiées en 2018 par l’Association des urologues du Canada (1). Concernant la définition du phimosis, les auteurs de ces recommandations considèrent qu’un phimosis est physiologique jusqu’à l’âge de 8-10 ans. Ces guidelines outre-Atlantique se sont également penchées sur les bénéfices préventifs de la circoncision. Cette dernière diminue significativement la contamination VIH de la femme vers l’homme et, de façon plus modeste et partielle, la contamination par le HPV. Elle diminue aussi le risque de cancer du pénis. Enfin, elle limite la survenue d’infections urinaires, mais il faut pratiquer environ 100 circoncisions pour éviter une pyélonéphrite. Cette prévention des infections urinaires est surtout évidente en cas d’uropathie chez les jeunes garçons, notamment une hydronéphrose avec près 3 fois plus de pyélonéphrites chez les enfants non circoncis.

Dr Isabelle Birden

Références
Forum d’urologie pédiatrique « La circoncision et ses problèmes ».
Ravasse P. : Introduction.
Sumit D et coll. : Guide de pratique de l’Association des urologues du Canada sur les soins au prépuce normal et sur la circoncision néonatale au Canada (version abrégée) 2018.
112e Congrès français d’urologie (Paris) : 21 – 24 novembre 2018.

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Vos réactions (1)

  • Ce que dit la recommandation canadienne

    Le 28 novembre 2018

    Recommandations (circoncision et IVU) :
    3- On a montré que la circoncision néonatale avait un effet plus marqué dans la prévention des IVU chez les garçons présentant des valves de l’urètre postérieur et une hydronéphrose signi cative décelée en anténatal, et par conséquent, il est conseillé de présenter la circoncision comme une option aux parents de ces garçons (niveau 3–4, => grade C <=).

    Recommandations (circoncision et VIH) :
    1. Transmission d’une femme à un homme : Des données convaincantes* montrent que la circoncision réduit le risque de transmission du VIH d’une femme à un homme (niveau 1A, grade A). L’ampleur de l’effet au Canada peut ne pas être similaire à celui observé dans les essais africains et n’a pas été établi dans le cas de la circoncision néonatale.

    3. Partenaires féminines : D’après les données probantes actuelles, la circoncision ne procure aucune protection aux partenaires féminines (niveau 2a–b).

    * {figure dans les recommandations} Daling et al. ont montré qu’après l’exclusion des patients atteints de phimosis, le fait de ne pas avoir été circoncis pendant l’enfance n’était pas un facteur de risque de cancer du pénis. Le cancer du pénis est fortement associé à d’autres facteurs de risque comme le tabagisme, les pratiques sexuelles et l’infection par le VPH, qui peuvent être modifiés, contrairement à la circoncision recommandée comme mesure universelle.

    {Mon commentaire) Seule une méta-analyse faite sur des pays africains avec de gros biais (bien connues, quasi-toutes menées par le même scientifique) montrait un bénéfice. Ceux sont les mêmes études biaisées (éducation + fourniture de préservatifs dans le seul bras circoncision) qui montraient un bénéfice sur le VIH.
    Plus d'explications sur http://www.droitaucorps.com/critique-recherches-circoncision-sida

    Dr Pierre Serveille

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