Participer au Tour de France nécessite une certaine adaptation cardiaque que le Dr François Carré (Centre Hospitalier Universitaire de Rennes), par ailleurs président du Club des Cardiologues du Sport, nous a décrit au cours du congrès de l’ESC 2007. Globalement, cette adaptation se traduit par une dilatation harmonieuse des cavités cardiaques avec épaississement des parois, le plus souvent à la limite du physiologique. Mais le coeur d’athlète n’était pas le sujet d’étude principal du Dr F. Carré, du moins intrinsèquement, puisque son étude, financée par la DRJS de la Région Bretagne, est l’une des premières à décrire le devenir du coeur de ces athlètes lorsqu'ils cessent de s'entraîner. Pour ce faire, F. Carré a suivi sept anciens cyclistes professionnels pendant leur dernière année de compétition et trois ans après leur retraite en proposant un échocardiogramme, un ECG et un test à l’effort.
Si le premier bilan a montré clairement la présence d’un coeur
d’athlète avec une capacité totale augmentée de 20 à 40 %, il n’en
est plus de même après l’arrêt de la compétition.
Ce « coeur désentraîné » ou « remodelage cardiaque inverse » se
manifeste en effet, très rapidement, dès la première année, par une
réduction marquée de la masse ventriculaire gauche (de 25 %
environ). Au terme des 3 années d’inactivité, cette dernière
revient au niveau de celui de la population générale.
Ces résultats brisent le mythe de la prédisposition génétique de ces champions et montre l’importance de l’entraînement. Par ailleurs, il est réconfortant de constater que ces coureurs conservent, malgré leur sédentarité nouvelle, un excellent état physique général.
Enfin, l’intérêt de cette étude est également de permettre d’établir des « normes » physiologiques de l’hypertrophie cardiaque observée chez les athlètes en endurance.
Dr Dominique-Jean Bouilliez