
C'est dans ce contexte que la Société Française d'Anesthésie
Réanimation a recommandé de cesser de demander systématiquement un
bilan d'hémostase et d'utiliser un questionnaire standardisé. Mais
les performances de ce questionnaire restaient à ce jour non
évaluées, ce qui fait tout l'intérêt de l'étude multicentrique
HEMORISQ (NCT02617381) dans laquelle 7 hôpitaux français ont inclus
quelque 1 400 patients programmés pour intervention
chirurgicale.
Lors de la consultation d'anesthésie pré-opératoire, le questionnaire standardisé HEMSTOP (F Bonhomme et al, 2016) a été proposé à tous les patients et un prélèvement sanguin a été effectué pour réaliser les 3 tests de routine (NP, TP, TCA) plus un dosage du vWF activité, des facteurs VIII, IX et XI et, si nécessaire, d'autres tests complémentaires.
Entre janvier 2015 et janvier 2018, au sein des 1 405 patients recrutés, 16 patients (1,16 %) ont été identifiés comme porteurs d'une anomalie de l'hémostase potentiellement associée à un risque hémorragique, soit 11 maladies de Willebrand (0,78 %), 2 hépatopathies, 1 déficit modéré en facteur XI ,1 hémophilie A modérée et 1 anomalie plaquettaire.
La sensibilité et la spécificité (intervalle de confiance à 95 % [IC95]) du questionnaire (score ≥ 2) sont respectivement de 50 % (25-75) et 87 % (85-89). La sensibilité et la spécificité des tests de routine sont respectivement de 75 % (48-93) et 51 % (48-54). La concordance entre les deux stratégies est très mauvaise (kappa = 0,04).
Au total, ce travail indique une prévalence d'anomalies de l'hémostase de 1,14 % et montre que, tant le questionnaire standardisé, que le bilan d'hémostase de routine, ont des performances médiocres pour le dépistage d'un risque hémorragique.
Dr Jean-Claude Lemaire