
Les critères de Rome, encore et toujours
L’examen de l’enfant doit être complet, incluant un examen
soigneux de la bouche et de la région ano-périnéale, à la recherche
de lésions évoquant la présence d’une MICI (dont le Dr M. Bellaïche
signale une forte progression de l’incidence). Une étude récente
menée sur 606 patients montrait que les troubles fonctionnels
étaient plus souvent associés à des facteurs de stress, des
antécédents familiaux de troubles fonctionnels, des vomissements, à
un reflux ou à la constipation. En revanche, des rectorragies, une
perte de poids ou une cassure de la courbe, une anémie plaident en
faveur d’une maladie de Crohn.
Quels examens complémentaires ?
Plusieurs types de douleurs abdominales fonctionnelles ont été
définis : la dyspepsie fonctionnelle (25 %), le syndrome de
l’intestin irritable (45 %), la migraine abdominale (15 %) et les
douleurs abdominales fonctionnelles non spécifiques (35 %),
plusieurs types de douleurs pouvant être associés chez le même
patient.
Une prise en charge nécessaire mais non consensuelle
Aucun traitement n’a fait la preuve irréfutable de son efficacité pour les troubles fonctionnels intestinaux, mais les symptômes doivent être pris en charge, au besoin avec un placebo (qui améliore les douleurs chez 4 enfants sur 10). En cas de dyspepsie fonctionnelle, la famotidine peut s’avérer plus efficace que les IPP (mais pas d’AMM avant 15 ans), la migraine abdominale bénéficie d’un traitement anti-migraineux, la constipation nécessite un traitement au long cours, en proscrivant suppositoires et lavements. Certains probiotiques peuvent améliorer les symptômes (Vivomixx, Probiolog, Biogaia). S’il n’existe pas non plus de consensus pour une prise en charge diététique, une alimentation équilibrée, de type méditerranéen, est recommandée. Les travaux ne démontrent pas l’intérêt d’un enrichissement de l’alimentation en fibres. En revanche, un régime pauvre en FODMAP’S (sucres non absorbables) peut apporter une amélioration, mais il doit être mené avec l’aide d’un diététicien. Finalement, la prise en charge sera pluridisciplinaire et pourra intégrer aussi les thérapies comportementales et l’hypnose qui s’avèrent souvent efficaces.Le Dr M. Bellaïche rappelle que le praticien ne doit pas oublier que, pour l’enfant, les douleurs fonctionnelles abdominales sont une manière de s’exprimer et d’obtenir du réconfort.
Dr Roseline Péluchon