
L’asthme de l’enfant est majoritairement allergique, avec des sensibilisations fréquentes aux allergènes domestiques. L’allergie aux acariens est de loin la plus fréquente, suivie par celle aux poils de chiens et de chats, puis aux pollens.
Les enfants sont fortement exposés aux allergènes de l’environnement intérieur, aussi bien à domicile qu’en milieu scolaire et il a été démontré l’existence d’une corrélation entre l’exposition aux allergènes et l’évolution de la respiration et le contrôle de l’asthme chez les enfants sensibilisés. Les mesures d’éviction retiennent donc l’intérêt.
Est-il possible et efficace de limiter l’exposition aux allergènes ?
Cette question était posée lors d’une session du 17ème Congrès Francophone d’Allergologie. Plusieurs mesures ont été proposées pour limiter l’exposition aux allergènes intérieurs et extérieurs. Le point essentiel est de mesurer leur efficacité sur la clinique, c’est-à-dire sur le contrôle de l’asthme de l’enfant.
L’exposition précoce aux acariens semble corrélée au développement d’un asthme, au moins chez les enfants issus de familles atopiques. Les études ont monté qu’il existe aussi une corrélation robuste entre le contrôle de l’asthme et le niveau d’exposition aux acariens, chez les enfants asthmatiques sensibilisés : une exposition plus importante augmente la fréquence des symptômes et le risque d’hospitalisation.
Plusieurs mesures ont été proposées pour réduire l’exposition aux acariens : housses anti-acariens pour oreillers et matelas, lavage hebdomadaire de la literie à 60 °, passage régulier de l’aspirateur avec filtre HEPA. Ces mesures simples ont fait la preuve de leur efficacité. Il est toutefois nécessaire d’évaluer leur coût financier et leur impact sur le budget des ménages avant de les proposer aux familles.
En revanche, les purificateurs d’air et le contrôle de l’humidité ambiante, maintenue en dessous de 50 %, n’ont pas fait la preuve de leur efficacité.
L’exposition aux phanères d’animaux est possible même en dehors du foyer. En cas de présence d’un animal au foyer, la mesure la plus radicale est le retrait de l’animal, mesure efficace mais difficile à mettre en pratique. Plus acceptables sont l’éloignement de l’animal de la chambre, le lavage hebdomadaire de la literie à 60 °, le passage régulier de l’aspirateur avec filtre HEPA, l’aération des lieux et le purificateur d’air. Les études ont prouvé l’efficacité de l’aspirateur et du purificateur d’air, avec une amélioration du peak flow à 12 mois et une réduction de l’hyperréactivité bronchique.
Enfin, s’il existe une corrélation entre l’exposition aux pollens et les manifestations cliniques chez l’enfant allergique, l’éviction stricte des pollens est impossible. En extérieur, l’exposition est non évitable et difficilement réductible. Toutefois en intérieur, il est de bons sens de proposer de surveiller les prévisions polliniques régionales et des mesures de confinement du logement lors des pics.
Dr Roseline Péluchon